Le Monde de RÉUNI explore l'univers, le parcours et les points de vue d'artisans, d'artistes, d'entrepreneurs, de personnalités des industries créatives et culturelles qui contribuent à la préservation et à la valorisation des savoir-faire et qui influencent d'une manière ou d'une autre notre esthétique et notre art de vivre.
Gaëlle Mancina a eu plusieurs vies avant de devenir une référence dans les arts de la table. Arrivée à Paris pour devenir comédienne, elle est remarquée par un directeur de casting et devient mannequin. C’est en chinant pour son appartement qu’elle prend goût pour les objets anciens, qui peu à peu deviennent une obsession.
Créative dans l’âme, elle commence à imaginer des dîners fantasques chez elle pour recevoir ses amis. Elle se découvre alors une véritable passion pour la scénographie et la vaisselle chinée et décide d’en faire son métier en concevant des dîners pour le Club du Souper et en créant sa propre marque de curation de vaisselle vintage, Sans Façon.
Celle qui souhaite démocratiser le beau, nous emmène avec elle dans les coulisses d’un shooting où se mêlent nature et sororité, et nous décrit son quotidien dans le 3ème arrondissement de Paris où elle vit avec ses enfants, entourée d’amis artistes.
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Pour commencer j’aimerais savoir qui tu es ? Comment te définis-tu ? Présente-toi ?
Je m’appelle Gaëlle Mancina. J’ai 38 ans. J’habite à Paris. Je travaille dans la restauration, l’art de la table…Et tout ce qui est seconde main.
T’es un slasheuse alors !
Peut-être Je ne sais pas mais je suis multifonctions. En fait, j’aime bien bricoler.
Le monde intérieur :
Et donc aujourd’hui tu nous reçois chez toi, est-ce que ce lieu te ressemble ?
Oui, il me ressemble. J’aime bien théâtraliser ma vie, donc c’est riche en couleurs.
Qu’est-ce qu’il a de particulier cet endroit ? D’abord ce n’est pas un appartement ?
Non, c’est un espace de coworking que j’ai réaménagé de sorte qu’il soit un lieu de vie.
Est-ce que tu peux nous parler d’où est-ce que tu viens ?
Je suis née dans le sud de la France à Mazamet. Je viens des montagnes. Donc j’ai vécu dans un endroit plutôt sain, entourée d’animaux et de nature. Et par curiosité et par envie, je suis venue à Paris pour suivre Les Cours Simon, car je voulais être comédienne. Et je voulais vivre la grande vie à Paris, donc il fallait que je donne tout. Je voulais voir autre chose, avec un nouveau regard… Grandir. Et donc j’ai poursuivi mon chemin. Après le théâtre j’ai fait un peu de comédie mais ça n’a pas donné grand-chose.
T’as eu des rôles ?
Non, c’était des petites choses, des clips, de petits rôles. Et c’est ce qui m’a amenée à la pub et au mannequinat de mes 22 à 32 ans. Et c’était génial ! J’ai été en agence, et repéré lors de castings sauvages...C’est Brice Compagnon qui m’a repérée. C’est un directeur de castings très connu. Il m’a introduite dans plusieurs choses et m’a permis d’être entourée par de bonnes personnes.
Que gardes-tu de ta vie de mannequin, qui n’est pas un métier simple quand même ?
Moi ce n’était pas une vie de mannequins de défilés de mode qui exige que tu pèses 30kg ou 40kg. Moi, c’était plutôt une période dans laquelle la mode cherchait des gens réels, des personnes normales… Et moi je correspondais à ces critères. C’était les prémices de ce qui se passe aujourd’hui. On t’accepte comme tu es. Je correspondais vu mes origines, ma personnalité, mon caractère… Donc je garde de bons souvenirs de cette expérience.
Et tu penses que cette expérience t’a ouvert des portes par la suite ?
En fait, comme j’ai toujours été dans ce milieu là, de la mode, du beau, de la créativité, ça m’a amenée à être dans le beau. Et ce, dans le sens où j’ai commencé à chiner des choses. Je voulais construire mon monde.
Donc à ce moment là de ta vie tu t’imagines faire quoi ? Tu es venue de Mazamet jusqu’à Paris pour devenir actrice et tu te trouves dans le modeling, …
La comédie ce n'était tout simplement pas mon chemin, je n’avais ni la force ni le mental pendant cette période de ma vie. J'étais jeune. Et je n’étais pas une gosse de riche. Je payais mes cours de théâtre. Je n’avais pas mes parents derrière moi. Donc c’était difficile, surtout que j’aimais vivre et je voulais goûter à cette vie parisienne : sortir, voir des expos, aller au cinéma, aller dans des bars, vivre des histoires d’amour…C’était ça mon chemin et ça m’a plu.
Et pour l’étape d’après. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Ensuite, je me suis mis en couple. Donc il y a cet aspect cocooning, on veut forcément construire et créer un monde pour nous. C’est là où j’ai commencé à chiner des choses parce que je n’avais pas le budget pour acheter de super meubles de créateurs. J’ai développé cet amour de l’objet, cette fascination des objets. Je suis fan des objets. Donc j’ai commencé à accumuler plein de choses : des chaises, de la vaisselle…. Et c'est là où j’ai commencé à créer des dîners, à recevoir chez moi avec ma vaisselle vintage. En fait, j’avais toujours cette passion au fond de moi. Ma mère chinait aussi. Ce qui me plait dans l’objet, c’est qu’il a appartenu à quelqu’un. C’est-à-dire, que cette ménagère a appartenu à une femme qui s’est mariée, qui l’a eue comme cadeau pour son mariage, et qu’elle a gardée précieusement dans son placard. En fait, quand je chine de la vaisselle j’ai cette idée qu’elle a servi à plein d’événements de la vie : les anniversaires, les dîners, les fêtes, Noël…. Et c’est cette transmission qui me plait. J’ai peu d’héritage puisque ma famille a émigré en France, donc on n’a pas trop d’histoire ; et ce que j’aime en France, c’est l'importance de la tradition. Ces objets sont un héritage que je n’ai pas eu, mais que je cherche à m'approprier à ma façon.
Donc tu vas chercher l’héritage de plein d'autres gens ?
Exactement. Et de me dire que c’est plein d’histoires différentes. C’est ça qui me plait.
Tu viens de nous parler de cette passion pour l’objet, mais aujourd’hui où est-ce que tu chines ? Comment ? A quelle fréquence ? Et qu’est-ce qui attire ton regard dans un objet banal ?
Alors, je chine partout : tous les vides greniers, les brocantes, les salons, Leboncoin, tous les médias du style Catawiki, les enchères, Vinted aussi dans la catégorie maison et vaisselle. Et ce qui me touche le plus dans les objets.... C’est très varié. Je peux aimer des barbotines portugaises complètement kitsch qui sortent des schémas qu’on a de la vaisselle traditionnelle mais également la vaisselle classique en émail de Gien par exemple. C’est le mix & match qui m’amuse. On n’est pas dans les conventions bourgeoises et aristocrates. Ce que je cherche à dire, c’est que l’art de la table n’est pas uniquement une élite, pour les riches. Ca fait très social de dire ça, mais ce n’est pas parce que tu n’as pas d’argent que tu ne peux pas mettre de beau dans ta vie. C’est un art du beau. Il faut juste se raconter une histoire et mettre un peu de poésie.
Et pourquoi c’est intéressant de mettre du « beau » ?
Parce qu’on en a besoin. Moi ce que je trouve beau c’est l’imparfait. Je peux trouver des objets sublimes que toi tu trouverais horribles. C’est toute la question du regard que l'on attribue à l’objet.
Et tu t’intéresses à tout type d’objet ?
Les objets de la maison oui. Mais j'aime aussi les vêtements. Cependant vu la consommation actuelle et les problèmes que ça engendre comme la pollution générée par la production de vêtements, ça m’a freinée. C’est pour ça que RÉUNI. Je me dirige vers des vêtements plus respectueux de l'environnement et plus éthiques.
Et donc, de cette passion tu en as fait ton travail ?
En fait, j’ai commencé à vendre de la vaisselle chinée sur mon site Sans-façon Paris, et une amie qui s’appelle Cyrielle Rigot, qui a un riad à Marrakech, m’a proposé de faire des dîners là-bas. Donc, j’ai commencé à faire des tables que j’ai postées sur les réseaux et c’est comme ça qu’Arthur Bouvet, mon associé, m’a repérée, car il aimait bien mes tables, il montait Le Club du Souper et il s’est dit que c’était de moi dont il avait besoin. Et on s’est rencontrés et on a collaboré ensemble. On a commencé à travailler sur plein d’événements : soirées privées ou publiques, …
Quel est le principe du Club du Souper ?
C’est une billetterie ouverte de dîners qui ont lieu dans des lieux atypiques. à Paris Ça peut être dans des appartements, des galeries, dans des parkings, ça peut être n’importe où. C’est ouvert à tout le monde. Il y a entre 20 et 30 places selon le lieu.
Et qu’est ce qui te plaît dans cet exercice ?
C’est la convivialité, l’échange… Le fait de rencontrer plusieurs personnes, de donner, d’échanger, et de manger de bonnes choses cuisinées par un chef. C’est Jordan de l’émission Très très bon qui est un super chef qui cuisine. Les chefs tournent.
Et Sans-Façon Paris, aujourd’hui c’est quoi ?
C’est un site et c’est de l’événementiel. Là, par exemple, je vais travailler pour une chef qui va préparer une table pour Elle Magazine. On va y aller tout l’heure d’ailleurs, et tu vas découvrir tout ça.
Moi, j’aimerais qu’on fasse quand même un petit tour dans cet appartement. Car il y a pas mal d’objets qui m'attrapent l’œil, et j’aimerais bien que tu nous les présentes. Peut-être pas tous, mais s’il y a un objet que tu devrais garder ici ça serait lequel ?
J’aime beaucoup mes chiens, mes King Charles anglais. En fait, dans les familles aristocrates anglaises, lorsque le père voyageait, la maîtresse de maison tournait ces statuettes. Ce sont toujours deux animaux : chien, lions, girafes… A l'époque ça portait chance, et ça amenait prospérité.
Et si tu ne devais garder qu’un seul objet, ça serait ça ?
C’est le tableau d’Inès Longevial.
Alors qu’est-ce qu’il a de particulier ce tableau ? Explique-nous.
Alors, quand j’ai donné naissance à mon premier enfant, elle m’a offert ce tableau. Et c’est moi en train de penser, peut-être, au futur. J’étais enceinte. Les couleurs sont très vives. Et il y a une main … c’est un peu comme le penseur. Voilà.
Tu penses que cela te caractérise, ce tableau ? Tu es très penseuse ?
Je réfléchis beaucoup.
Et c’est un endroit où on voit les chambres ?
Oui, c’est comme un petit vaisseau spécial. Mais c’est tout nouveau cet appart dans ma vie… Donc j’essaye d’en faire quelque chose de plutôt cool.
C’est quoi l’endroit que tu préfères ici ?
Ma chambre, je pense. C’est là où je passe le plus de temps. En fait j’aime bien rester dans mon lit à lire, regarder des choses, envoyer des messages...
Alors qu’est-ce que tu aimes lire ? Je vois que tu as pas mal de revues.
Là, je n’ai pas tout, parce que j’en ai d’autres à la campagne. J’aime beaucoup Riad Sattouf comme plein de gens. D’ailleurs il vient de sortir une nouvelle BD avec Vincent Lacoste. En ce moment, je suis à fond dans le féminisme. Donc ça va de Mona Chollet à Virginia Woolf en passant par des poèmes d’André Gorz, comme Lettre à D. c’est sublime. En fait c’est comme le film Amour de Haneke.
Et tu as beaucoup de magazines ! L'illustration, L'œil…
J’aime beaucoup les couvertures mais ça n’existe plus, j'adore les ornements, la dorure… Imagine le temps qu’ils ont passé sur ce magazine. Ça me fascine. Et ça me fait penser au film Call me by Your Name, il y a des scènes comme ça. Peter Lindbergh aussi j'aime beaucoup son travail, ma cousine m’avait offert ce livre quand je suis arrivée à Paris. Simon Buret fait également des choses géniales… C’est un chanteur qui s’est lancé dans la peinture, il faut voir ses toiles c’est sublime. A côté d'ici, il y a Ofr., une librairie où j’aime passer du temps. J’ai aussi des magazines japonais parce que j’ai beaucoup travaillé avec le Japon. Là je vais travailler avec eux pour des poêles à pancakes avec l’artiste japonais Murakami.
Et je vois qu’il y a une petite passion pour les verres ?
Oui, tout est chiné. Il y a aussi des petits bonbons en verre que j'adore.
Tu fais de belles tables, mais est-ce que tu fais bien à manger ?
Non. Mais je considère qu’il n'y a pas de mauvais cuisiniers, mais que c’est une question de temps et de patience. Si on a les bons produits et le temps... Moi, ce n’est pas forcément mon point fort, mais de temps en temps je cuisine. Et surtout je m’intéresse beaucoup au produit. Il faut que ça soit éthique… Mais spontanément, je ne suis pas une bonne cuisinière.
Transition :
Donc là, c’est ton lit ? Avec plein de dessus de lit.
Oui, toujours le mix & match partout. J’aime décomposer les choses.
Tu nous disais avoir une passion pour les vêtements, quelle est ta relation aux vêtements ?
En fait, de mes 20 à 30 ans, j’ai été une grande consommatrice de vêtements. De vintage, de fast fashion tout ce que tu veux. J’aimais m’habiller, j’aimais la mode… Mais ce n’est plus ma priorité à vrai dire.
Qu’est- ce que tu cherches dans un vêtement ?
La simplicité, les coupes, la matière,… qu’il soit durable. En vrai, quand on se suffit à soi-même, lorsqu’on travaille sur soi, on en a moins besoin. Mais je comprends qu’il y ait des gens qui aiment changer et s’amuser avec les vêtements. Mais là je suis dans une phase où je suis très classique. Mais ça peut peut-être changer. C’est en fonction de mon mood.
Et si tu devais garder qu’un seul vêtement, ce serait quoi ?
J’aime beaucoup les vêtements d’intérieur. Je mets beaucoup de chemises. C’est pour ça que RÉUNI c’est parfait.
Il y a la salle de tes enfants. T’as une passion déco/enfants ?
Non, c’est le début de cet appartement. Mes enfants, c’est Olympia et Viggo, mais qui ne dorment pas avec leurs lits. C’est ça le problème. Ils dorment avec moi en ce moment. J’ai un chien aussi mais qui n’est pas là. Il vit à la campagne. Il s’appelle Otto.
Ce que je te propose, c’est qu’on parte sur ton shooting ?
Le monde extérieur
On est donc dans un taxi pour aller dans un shooting dans le 19e rue d’Aubervilliers. Je t’ai posé une question dans le taxi tout à l’heure, pour savoir si tu avais envie d’aborder un sujet qu’on n’a pas abordé encore ? Et tu m’as dit oui.
Oui, je voulais parler de la consommation éthique et dire que ce n’est pas une mode, mais plutôt une prise de conscience du monde dans lequel on vit, qui est saturé, et être écologique ou penser de telle ou telle manière, ce n’est pas une mode, ce n’est pas une mode de consommer seconde main. C’est important de consommer responsable. C’est un devoir, une conscience, on n’a pas le choix.
Et tu penses qu’il y aura une prise de conscience en ce moment ou c’est un effet de mode ?
J’espère bien. Mais ce paradoxe-là me perturbe : est ce qu’on repense notre consommation pour être un bon citoyen ou est-ce un effet de mode ? Est-ce qu’on se donne bonne conscience ou bien est-ce une vraie prise de conscience ?
Pour avoir une adhésion il faut que ça soit à la mode ?
Oui, mais au-delà du côté beau, joli, et tout ce qui englobe cette philosophie, c’est le fait de ne plus adhérer au système dans lequel on vit actuellement et d’aller vers des choses qui fonctionnent, qui font du bien au système.
Transition
Pour revenir à des choses moins politiques, tu vis dans ce quartier, dans le 3e . Qu’est-ce que tu aimes dans ce quartier ? Pourquoi es-tu venue t’installer ici ?
Forcément, je suis maman, donc ce sont les écoles et le lifestyle qui m’ont intéressée. Ça veut dire qu'il y a des parcs, des cafés, etc. Et c’est assez riche en termes de population on n’est pas aussi diversifié que dans le 18e, mais c’est un milieu artistique qui me correspond, étant donné que je viens de province c’était le Paris que je recherchais.
C’est quoi tes habitudes dans ce quartier ?
Ca va être des choses très simples. Je dépose mes enfants à l’école. Je prends avec ma copine Clara un café, généralement pour parler de nos vies. D’ailleurs, elle travaille avec des artisans, des ébénistes, des potiers et elle les met en avant. Tu vois, les gens que je fréquente sont des gens qui me touchent, qui me ressemblent, des gens artys.
Tu parlais tout à l’heure de la librairie Ofr ?
Oui, c’est une très bonne librairie que j’adore.
Et les commerces que tu aimes bien ?
Le marché des Enfants Rouges, il y a un super végétarien à côté du fleuriste. Utopie, c’est une boulangerie exceptionnelle où ils vendent une baguette au sésame et au thé vert. Et Gramme c’est une amie qui fait de la super nourriture, rue des Archives. En fait, il y a plein de choses dans le quartier.
Tout à l’heure on parlait de nourriture. Alors tu cuisines à petites doses avec des bons produits ? As-tu une recette de famille ?
Alors mon père, c’est les pizzas et la Calabraise. Ça je ne sais pas le faire car ça demande un four. Et ma mère c’est le couscous. Donc ce sont deux choses que je ne gère pas. Ma mère est kabyle et mon père calabrais donc j’ai une double culture. Mais si je devais faire une recette ça serait des linguines vongole. Il faut des palourdes, un saladier, tu mets du gros sel pour qu’elles s’ouvrent pendant plusieurs heures.
Et donc, qu’est-ce que tu fais quand tu ne travailles pas ? Car tu fais un travail passion, donc j’ai l’impression que tu travailles tout le temps.
Oui, c’est ce que j’aime dans mon travail. C’est cette liberté. On peut avoir du temps pour soi mais aussi avec des journées chargées de travail. C’est un mode de vie qui me va comme les intermittents du spectacle. Je ne juge pas les gens qui travaillent de 8h jusqu’à 18h mais moi cela ne me convient pas. J’ai essayé pourtant. J’ai travaillé dans une société pendant 5 ans. J’ai rencontré plein de gens extraordinaires mais ça ne me convient pas. C’est un peu aliénant pour moi. En fait, il faut faire ce qui nous va, certes il y a des personnes qui n’ont pas le choix, mais il faut quand même être l’acteur de sa vie.
Et dans ta vie, tu veux aller où ?
Avec beaucoup de prétention (rire) j'aimerais être la reine des dîners mondains parisiens. Mais sans être Nadine de Rotschild. Pourquoi même monter une ligne de vaisselle avec des artisans avec Sans Façon. S’agrandir, muter.
Et pourquoi pas un restaurant ?
Non, moi les horaires d’un restaurant ne me conviennent pas. Moi j’aime le côté furtif, comme le théâtre, être comme un chef d’orchestre et puis tu te retires.
Qu’est-ce qui fait qu’un dîner est réussi ?
Alors, d’abord, le menu. Et après l’ambiance, …
Et comment tu mets l’ambiance ? Car là c’est pas toi qui choisis tes invités.
Moi, je ne fais qu’ajouter du beau. Car si la personne a fait un effort pour toi. Il a été chercher des fleurs, etc. Tu honores ton invité. Tu vas garder le souvenir de ce dîner, plus que les autres. Et moi c’est capturer ces instants qui m’intéressent.
Et comment tu définis ton univers ?
Bah…C’est le partage, réunir… J’ai tellement souffert du confinement où j’ai été privée de ça. Tu te retrouves isolée de ça, et du coupo je voulais rassembler les gens autour des repas. C’est l’essence-même de notre vie.
Transition
Alors, là on est arrivé ? Donc explique-nous, qu’est-ce qu’on fait ici ?
Alors là on est chez Alice, c’est une créatrice, architecte, scénographe. Elle fait de la scénographie végétale. Et là nous allons mettre en scène le travail d’une cheffe, qu’on peut trouver sur Instagram sous le nom de Kaitlyn Reinhart.
Et donc on va faire une mise en scène ?
Une mise en table. Table Setting.
Et comment avez-vous avez travaillé ensemble ?
On est toutes les trois des femmes. On est dans la sororité, on met le travail de chacune en valeur. On est dans le partage.
C’est marrant car tu as vraiment une relation forte avec les objets, l’héritage. Et donc si tu devais choisir une époque pour y vivre ça serait laquelle ?
Arts Déco je pense. Pourtant ça n’a rien avoir avec mes goûts actuels, mais c’est une belle période, avec le dessin, le mouvement Dada, des Surréalistes. J’aime beaucoup cette période. Non, en fait surtout de 1900 à 1930. Le Bauhaus, ça a amené tellement de mouvements architecturaux.
Et quel regard portes-tu sur notre époque ?
J’adore mon époque. Bien que j’aime les objets d’autres époques, je ne suis pas nostalgique du passé. J’aime les technologies, je ne me dis pas c’était mieux avant. On trouve des choses biens dans le passé mais aussi aujourd'hui. Il faut vivre l’instant présent. C’est important d’être connecté au présent et de vivre avec ce qu’on a.
Quelle place le vêtement occupe dans ton travail, ton quotidien ?
Alors dans les soirées je vais sortir le grand jeu, les robes, c’est mondain c’est festif, je me mets dans la peau d’un personnage, j’y vais à fond. Très fantasque. Et dans mon quotidien c’était très casual, très simple, un peu boyish, très garçon. J'aime beaucoup le vestiaire masculin.
Tu voudrais être un garçon ?
Non, je suis très bien avec ma féminité. Mais les codes ont tellement évolué que les hommes peuvent porter des jupes. Mais j’aime les lignes masculines dans le vêtement.
On se rapproche de la fin de cet épisode. Une question que je pose toujours à la fin, c’est qui aimerais-tu entendre dans ce podcast ?
Ca serait un couple d’amis que j’adore : Mathias Gervais et Christine Phung. Lui est architecte, elle est créatrice de vêtements. Et ils m’inspirent beaucoup, donc pourquoi pas leur passer le flambeau. Ça n’empêche qu’il y a beaucoup d’autres gens qui m’inspirent. Mes amis m'inspirent beaucoup.
Crédits photos RÉUNI
Références :
Sans Façon : https://www.instagram.com/sansfaconparis/
Le Club du Souper : https://www.instagram.com/leclubdusouper/
Faïence de Gien : https://www.gien.com/
Catawiki : https://www.catawiki.com/fr/
Lettres à D., André Gorz
Amour, Michael Haneke
Call me by your name, Luca Guadagnino
Murakami : https://www.instagram.com/takashipom/?hl=fr
Simon Buret : https://www.instagram.com/simonburet/?hl=fr
Mathias Gervais et Christine Phung : https://www.instagram.com/particules_elementaires/?hl=fr https://www.instagram.com/christinephung/
Adresses :
Le Marché des Enfants Rouges, 39 rue de Bretagne - 75003 Paris
Utopie, 20 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris https://www.instagram.com/boulangerieutopie/?hl=fr