Julia Klante, Fondatrice de l'agence Klante

“Ce qui m’intéresse, c‘est de créer des rencontres et des synergies entre des talents, des projets et des institutions pour créer de nouvelles histoires.”

Le Monde de RÉUNI explore l'univers, le parcours et les points de vue d'artisans, d'artistes, d'entrepreneurs, de personnalités des industries créatives et culturelles qui contribuent à la préservation et à la valorisation des savoir-faire et qui influencent d'une manière ou d'une autre notre esthétique et notre art de vivre.

 

Elle a fait de ses rencontres un métier. Julia Klante est attachée de relations presse et publiques au sein de son agence éponyme. Situés dans le 1er arrondissement de la capitale, tout près des Tuileries, ses bureaux font office de lieu d’exposition où se mêlent des pièces d’artistes et du mobilier vintage. 


Son art de vivre a naturellement initié les fondements de son agence Klante. Elle imagine son travail comme une curation personnelle de talents, projets et institutions, parfois issus de domaines différents, qu’elle prend goût à associer.


Si elle considère son lieu de travail comme une deuxième maison, son appartement quant à lui se trouve dans le 20 ͤ arrondissement, où elle passe l’autre moitié de son temps. Lorsqu'elle n’est pas en train de chiner des pièces 70's dans les vide-greniers, elle aime passer du temps dans son restaurant préféré ou bien faire le marché Place de la Réunion.


Pour Le Monde de Réuni, Julia nous partage un extrait de son quotidien exalté par des échanges autour de l’art, la gastronomie et le design.


Retrouvez l’intégralité de l’interview sur toutes les plateformes d’écoute de podcasts,


Bonjour Julia, pour commencer comment te définis-tu ? 


Je ne pourrai pas vraiment répondre à cette question mais dans mon métier je suis attachée de presse. J’ai créé une agence de relations presse et publiques à Paris qui s’appelle Klante. On retrouve un peu ce métier dans ma vie personnelle parce que j’adore voir du monde, être entourée et organiser des dîners. Et surtout, j’adore le milieu artistique et la seconde-main. Je suis une passionnée d’art, d’art de vivre et de partage.


Le monde intérieur


Où sommes-nous ?


Nous sommes dans le salon de l'appartement où nous vivons avec mon compagnon Raphaël Giannesini. On est rue de Bagnolet dans le 20e arrondissement de Paris, pas loin du Père Lachaise à Alexandre Dumas.


Pourrais-tu nous décrire cette pièce ?


C’est notre salon qui est devenu un bazar organisé. Mon copain est commissaire d’exposition donc il collectionne pas mal, et moi aussi d’ailleurs. On a voulu fusionner nos collections et comme c'est le lieu où on se réunit avec nos amis, c’est là où on met toutes nos trouvailles.


Donc c’est un mix de toi et de lui ?


Oui exactement ! Il y a beaucoup de pièces de ses amis ou des miens, des choses qu’on trouve. Par exemple, ce pot vient d’un céramiste qui s’appelle Cyril Debon qui est exceptionnel. Je l’ai commandé pour les 30 ans de Raphaël et on le voit de dos, il est peint. C’est une pièce qui a été pensée et faite pour lui. On lui a offert cette plante et on a décidé de lui trouver un beau récipient et ce n’est pas facile de trouver des pots…


La plante est magistrale ! As-tu la main verte ?


Oui mais malheureusement que dans cet endroit. Dans ma chambre, j’ai une plante qui est morte la semaine dernière et je suis super triste parce que ça faisait 8 ans que je l’avais. Le salon est au premier étage, il n’y a pas de lumière directe mais il est très lumineux sans vraiment l’être et c’est ce qui fait le plus de bien aux plantes.


Quels sont les objets que tu affectionnes particulièrement ?


J’ai un tableau plutôt familial où on me voit jouer de dos. C’est un tableau qui a été peint par mon oncle normand. C’est une partie de memory que je faisais avec ma grand-mère qui était alzheimer donc c'est très symbolique. Je l’ai récupéré après la vente de notre maison et c’est l’un des plus chers à mon cœur. Sinon j’ai cette pièce de Hugo Avigo, c’est un artiste très talentueux qui fait beaucoup de formes abstraites, et qui a beaucoup d'humour. C’est la première œuvre qu’on a achetée à deux avec Raphaël. Je peux aussi te montrer ces tableaux que j’ai trouvés dans des brocantes. J’aime beaucoup la figure féminine surtout quand elle a les cheveux attachés avec ce côté masculin comme une sculpture. Les tableaux sont anciens donc on voit vraiment l’objet en tant que tel, ça ne plaît pas à tout le monde mais moi j’aime bien ce côté matière brute. Même les cadres sont abîmés. Il y a aussi ces têtes moulées en résine du Musée du Louvre que j’ai achetées en vide-greniers. J’en fais très régulièrement.


Où vas-tu ?


Partout ! Je vais sur videgrenier.com et je cherche dans l’objet ou le vêtement.


Cette photo est très belle…


Je l’ai trouvée dans la rue et j’ai trouvé ça dingue parce que rien que le cadre méritait d’être récupéré. C’est une photo au Maroc qui représente une fête religieuse j’imagine. Il y a des palmiers assez fous. Là, on a une autre artiste allemande que j'aime beaucoup qui s’appelle Ophelia Finke. Ce qui est drôle, c’est qu’on a acheté ces pièces séparément et on les a fusionnées pour faire une série. On a aussi cette lampe qu’on a achetée il y a deux semaines. On était avec notre ami Octave Marsal qui fait du dessin et qui a pris un eye-liner pour dessiner sur l’abat-jour.


Mais si tu devais ne garder qu’une seule pièce ce serait quoi ?


Ce serait la partie de memory, ou le pot mais il ne m’appartient pas.


Tu as aussi beaucoup de livres…


Oui mais pour être honnête ce sont surtout ceux de Raphaël. J’aime beaucoup lire, et j’aime bien les "coffee-table books” comme on dit. J’ai des livres de yoga, de cuisine… Ce sont plutôt des livres que tu feuillettes une fois tous les quatre ans pour t’inspirer. Je n’ai pas trop de livres de poche.


Tu es plutôt sensible aux visuels ?


Oui, j’ai la télé par exemple. C’est assez rare mais je défends la télé, je trouve ça extraordinaire. C’est un peu comme Instagram, tu scrolles sans savoir sur quel contenu tu vas tomber. À l’ère du streaming, tu tombes sur du contenu que tu ne cherchais pas du tout et tu te retrouves à regarder des trucs super intelligents ou super bêtes. Dernièrement, j’ai regardé un documentaire sur les recettes de soupe pendant trois quart d’heures. Je fais du tricot en regardant ma télé.


Pourquoi as-tu décidé de t’installer ici ?


J’ai cherché pendant longtemps. J’étais seule à l’époque et j’ai trouvé un super bon plan. Quand je suis allée le voir, il était tout défraîchi donc je l’ai un peu rénové. Il y a cette fenêtre que j’adore, c’est une grande ouverture sur la villa Riberolle, au fond il y a plein d’ateliers et de jardins et quand tu te balades tu longes le cimetière où il y a des restaurants cachés. Je cherchais dans le quartier Alexandre Dumas.


Pourquoi vouloir habiter dans ce quartier ?


Avant j’habitais à Ménilmontant. J’ai beaucoup d’amis qui habitent dans le coin. Je pense qu’on se rapproche de ceux qu’on aime.


Quel est l’endroit que tu préfères dans cet appartement ?


Ma cuisine. J’adore cuisiner.


Comment décrirais-tu cet endroit ?


C’est le bazar mais ça me ressemble bien. Ma sœur cuisine beaucoup et elle me ramène plein d’ustensiles qui ne servent à rien mais qui ont une fonction. Donc je les accumule et j’apprends à les utiliser. On est au premier étage, donc il y a des barreaux à la fenêtre.


Mais il y a aussi des grands arbres dans la cour. Et tu as aussi des peintures dans ta cuisine.


Elles appartiennent toutes à Raphaël. Celle-ci, il me l’a ramenée d’Afrique, elle est un peu dans le style du Douanier Rousseau. Et celle-ci on l’a trouvée à Marseille. J’adore la peinture, j’ai l’impression que ça a été un peu délaissé par les nouvelles générations avec la vidéo, la sculpture, la performance…


Tu peins ?


Non je ne sais rien faire. Je fais des dessins d’enfant de 4 ans, malheureusement je n’ai pas de talent artistique.


Tu cuisines quoi ?


Ma spécialité, ce sont les pâtes. Tous les dimanches, c’est pâtes. Je fais des pâtes alle vongole, des gnocchis maisons, des cacio e pepe et des pâtes à la sauce tomate.


Qu’est-ce qui fait une bonne vongole ?


C’est de ne pas trop sur-cuire les palourdes et ça m’arrive de temps en temps. Je fais désabler trois fois et surtout il faut continuer la cuisson des pâtes dans le jus de cuisson des palourdes. J’aime bien les faire avec les orecchiettes. Je suis un peu frustrée parce que je n’ai pas une grande cuisine avec un grand four, sinon je pense que je ferai plein de trucs.


Qu’est-ce qu’on cuisinait chez toi petite ?


Mes parents cuisinaient beaucoup de plats italiens alors que mon père est allemand et ma mère normande donc on est loin de ça. Ils ont tout de suite cuisiné des choses qui ne venaient pas de France comme du japonais ou du chinois. Je mangeais des sushis très jeune. La nourriture, c’est un grand sujet chez nous. Je fais beaucoup de dîners.


Tu viens d’où ?


Je suis née à Avranches dans la Manche, mais j’ai grandi à Paris.


Tu disais que ton père est allemand, quelle relation as-tu avec l’Allemagne ?


Ma grand-mère y habite encore donc je vais à Berlin deux fois par an pour la voir. J’adore la culture et l’éducation là-bas. L’enfant est roi en Allemagne. Si j’ai des enfants un jour, j’espère que je pourrais les éduquer de cette manière.


Qu’est-ce que tu as gardé d’allemand aujourd’hui ?


Mon goût pour le petit-déjeuner salé. J’ai des looks qui peuvent faire allemand, parfois j’en parle avec une copine qui me comprend. L’amour pour la bière… c’est cliché. Il n’y a pas tant de différences avec la France. Il y a aussi le sens de la fête.


Aimes-tu recevoir ?


Oui j’adore !


Qu’est-ce que tu fais quand tu reçois ?


Je reviens aux pâtes ! On a un club de yoga qui s’appelle le Yoga Club et généralement on fait des soirées à thème avec des plats qu’on n’a jamais cuisinés.


Et tu as une appétence pour la décoration de table ?


Oui je crois mais ça ne fait pas très longtemps. C’est devenu à la mode après le confinement. Avec le retour à l’artisanat, les trentenaires changent de vie et reviennent au travail des mains. L’art de table ça correspond aussi à cette envie d’investir pour chez soi. C’est vrai que ça m’intéresse beaucoup et ça fait sens avec la cuisine.


On sent que c’est une tendance très forte depuis cette période où les gens ont envie de bien recevoir chez eux, de faire plaisir et d'honorer leurs invités. C’est assez nouveau…


Oui c’est aussi cette envie de se retrouver uniquement dans des endroits précis et de voyager un peu chez soi.


Tu voyages souvent ?


Non, pas trop. J’aime bien voyager mais ça fait longtemps. Je vais souvent aux États-Unis parce que j’ai une partie de ma famille qui y habite donc ça fait un voyage par an au moins. Mais j’adopte pas trop le American Way of life. Je vais au Japon au mois d’avril.


On passe par le couloir…


On a encore des objets partout, des tableaux, les œuvres de mon copain et d’artistes que je suis…


Ton copain est aussi artiste ?


Oui il a réalisé ce livre, c’est très conceptuel. Ça, se sont des épreuves de Kate Barry parce que je travaillais dans une galerie d’art et je voyais pas mal de trucs. Là, c’est un photographe Maxime Imbert avec qui j’étais en colocation à Londres et qui est devenu une star de la photo. Il y a cette une carafe en forme de sein que m’a offert David Giroire parce qu’il sait que j’aime les objets un peu bizarres.


Parlons de ta carrière professionnelle. J’ai l’impression qu’il y a une connexion entre ton travail et ta passion…


Quand tu es attachée de presse, tu rencontres constamment des gens. Il faut tout le temps être de bonne humeur. Tu es obligée d’aimer ton métier pour le faire parce que c’est tellement lié à l’autre et à ta manière de te comporter.


Dans ta sphère privée tu es tout le temps de bonne humeur ?


J’espère oui. J’essaie de montrer que je suis de bonne humeur.


Il y a aussi cette notion de séduction dans ton métier qui est importante…


Oui comme n’importe quel commercial ou même dans la vie en général. Forcément ça m'intéresse même si parfois ça me fatigue un peu et que je n’ai pas envie d'être sympa avec une personne. Mais je ne suis pas hypocrite, je ne creuse pas l'amitié avec des gens qui sont importants juste parce qu’ils le sont.


Revenons sur ton parcours…


Au début, je ne savais pas trop quoi faire. J’ai fait une école de communication. J'aurais préféré faire autre chose au fond de moi mais ce n’était pas si mal. J’ai fait des stages très tôt. J’ai travaillé dans des médias tels que Snatch et Technikart et j’ai adoré ce secteur sauf que je ne savais pas bien écrire comme un journaliste. Puis je suis partie à Londres pour faire un stage de fin d’études dans une super agence qui s’appelle Scott & Co spécialisée dans l’art contemporain et l'art de vivre. Elle s’occupait notamment de la foire Frieze à Londres. Ils m’ont embauchée à la fin du stage et je suis restée 4 ans là-bas. J’ai découvert la vie à Londres, j’ai rencontré beaucoup de monde donc je me suis vite ouverte à ça. Après, je suis rentrée à Paris parce que j’en avais un peu marre de Londres, c’était très cher. Je suis donc allée dans une galerie de cinéma qui s’appelle la Galerie Cinéma et qui appartient à la productrice Anne-Dominique Toussaint, qui a produit par exemple Les Beaux Gosses de Riad Sattouf. Elle invite au sein de sa galerie des personnes du cinéma à exprimer leur art par d’autres médiums que le cinéma soit par de la photo, de la peinture, des dessins. On a exposé Romain Duris, Charlotte Lebon, Hervé Guibert, c’est dans le Marais Rue Saint-Claude.

Puis je me suis remise dans le milieu des relations presse. J’ai fait une mission pour l’agence Karla Otto, puis en interne chez Studio KO, un cabinet d’architecture et enfin chez David Giroire.


Qu’as-tu retenu de cette dernière expérience ?


C’était une des expériences les plus enrichissantes parce que j’adore David et ce qu’il dégage, notamment pour sa gentillesse. Pour un attaché de presse, il est assez atypique.


Que s’est-il passé ensuite ?


Il y a eu le confinement, un cycle qui s’est fini. J’ai eu l'opportunité d’avoir des locaux et c’est comme ça que j’ai lancé Klante.


On continue la visite ?


Oui on peut aller dans ma chambre. Ce qui est beau, c’est surtout la vue. Elle est très calme, parce que la rue de Bagnolet est très bruyante, on ne peut presque pas ouvrir les fenêtres. Cette chambre est simple, on retrouve des petits objets partout. Il y a ma plante qui est morte. C’est un noyau d’avocat que m’avait offert un ami, je m’en suis super bien occupée et je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Il y a cet espèce de rideau avec tous tes vêtements… À la base ça c’est son placard et moi j’occupe tout le reste de la maison. Tu vois l’inégalité, c’est un scandale.


Quelle est ta relation au vêtement ? Je te trouve toujours très chic.


J’adore m’habiller, je trouve ça très drôle. Mais surtout, j’adore la seconde-main, c’est ça qui m’intéresse le plus. Même si c’est cliché de dire ça, je trouve la fast-fashion horrible. Sinon j’achète que des vêtements de seconde-main.


Qu'est-ce qui accroche ton regard dans un vêtement ?


La coupe et la qualité sont importantes. Sur une chemise, on voit tout de suite si la matière est de bonne qualité. Il faut essayer de diversifier son truc et de pouvoir changer de style tous les jours. De par mon métier, j’aime beaucoup les tailleurs et les vestes, dès que je vois quelqu’un j’en enfile une et ça fait le boulot de montrer ce côté un peu élégant quand tu accueilles des gens.


As-tu un uniforme en particulier ?


J’ai plein de blazers notamment en velours et généralement mon uniforme c’est : blazer, t-shirt et pantalon taille haute. J’ai des marques que j’affectionne particulièrement et où je vais systématiquement.


Si tu ne devais garder qu’un seul vêtement ce serait quoi ?


Un pyjama en coton, j’en suis fan ! Je trouve qu’il n’y a rien de plus confortable que ça.


Et tu les portes à l’extérieur ?


Non jamais. Je ne pourrai pas sortir avec mais peut-être qu’il faudrait que j’essaie. Ça ne serre pas vraiment à la taille. C’est une autre catégorie de personnes qui osent tout mais je n’en fais pas partie.


Ça te rend plus forte de t’habiller ?


Non mais j’avoue que quand tu es bien habillée, tu peux te sentir mieux.


Suis-tu la mode ?


Je suis la mode de loin comme de près, déjà mon métier me fait suivre l’actualité donc je sais ce qu’il se passe mais je ne vais pas forcément aller chercher des pièces de designers contemporains. Dans ce sens là, je ne suis pas modeuse mais je m’intéresse à la mode et au vintage.


Tu n’as pas de client mode ?


Non mais j’ai beaucoup de clients qui gravitent autour.


L’art de vivre passe avant la mode ?


La mode c’est aussi l’art de vivre. C’est ce que j’essaie d’expliquer. La mode est une catégorie de l’art de vivre.


Qu’est-ce que l’art de vivre selon toi ?


C’est une manière élégante de vivre son quotidien dans n’importe quel détail que ce soit les endroits où tu vas voir des expositions, les livres que tu lis, les bijoux que tu achètes, les cafés, les restaurants où tu vas. Tout correspond à une forme de qualité, ce n’est pas forcément du luxe. C’est une question de qualité de vie, accessible ou non.


C’est savoir s’entourer de beau ?


Oui, de ce qui est bien pensé, de gens qui sont sympathiques. Jamais ça ne me viendrait à l’esprit de porter quelque chose d’une personne exécrable, je trouve que ça se voit. L’art de vivre c’est ça : ce sont tous les détails qui constituent ta journée qui vont te suivre un peu partout et regrouper des gens autour de ces mêmes goûts-là.


Quel est ton art de vivre à toi ?


C’est de la curiosité, d’essayer de m'ouvrir, de découvrir. Tu me demandais si je voyageais beaucoup, mais quand tu es à la recherche d’une chose nouvelle, tu voyages d’une certaine manière. J’ai cet attrait pour la seconde-main et de ne pas forcément aller vers de la nouvelle consommation. J’adore les restaurants, les bars, les lieux de rencontres.


Le monde extérieur.


On sort de chez toi. Elle est cool ta cour.


Oui et il aurait fallu que je te présente ma gardienne, Danièle, elle est tellement gentille.

Donc là on est rue de Bagnolet, dans le brouhaha. Ce qui est bien, c’est qu’il y a plein de petites rues qui vont vers le cimetière. Il y a des petites maisons, des immeubles sur trois étages, que j’aime bien.


Où nous emmènes-tu ?


Je vous emmène place de la Réunion, le chemin est assez drôle parce qu’il y a plein de bâtiments assez modernes. Il y a un marché où je vais le dimanche. Il y a aussi un de mes restaurants préférés qui s’appelle La Vierge de la Réunion. Durant le confinement, il y avait plein de terrasses installées sur la place de la Réunion, c’était très vivant.


À quoi ressemblent tes journées ?


Elles commencent toujours de la même manière, comme pour tout le monde : une douche, un café. Je vais au bureau en vélo, j’écoute des podcasts et je passe des coups de fil (ce qu’il ne faut pas faire). Mes journées ne se ressemblent jamais, elles sont rythmées par les besoins des uns et des autres. Il y a toujours des urgences à gérer. Le soir, généralement j’aime bien sortir. Je ne suis quasiment jamais chez moi.


C’est par plaisir ou obligation professionnelle ?


Les deux, il y a du plaisir mais parfois je me force à y aller.


Là, on est place de la Réunion.


Là, il y a le marché avec une fontaine que j’adore et qui est coupée quand il y a le marché. On peut se mettre dedans c’est assez drôle. Et là, il y a une partie du quartier que j’adore, il y a la rue Vitruve avec plein de commerces sympas.


Tu me fais découvrir un quartier que je ne connaissais pas !


Il y a plein de trucs sympas !


Pourquoi nous emmènes-tu à la Vierge de la Réunion ?


J’y vais très souvent. C’est délicieux. Ils changent de menu presque tous les jours donc ce n’est jamais la même chose. J’aime bien l’ambiance, c’est un peu familial. Et j’aime bien la devanture de cet endroit.


Qu’est-ce qu’on mange ici ?


Ils changent de menu donc on peut regarder sur la carte. Ce ne sont que des assiettes à partager, avec des choses simples et d’autres plus compliquées. Du tarama, des endives, des bulots mayonnaise, des frites, des anchois, de la courge spaghetti ricotta fumée olives, des champignons sur toast, de la persillade, du potage de blette… Soit une cuisine de marché. Le chef est anglais. Ce que j’adore ici, ce sont les vins - j'aime beaucoup les vins natures. Et tu manges dans la cave.


Tu t’y retrouves dans les vins natures ?


Pas du tout. Je vais toujours dans une cave et ils connaissent mes goûts, mais je n’y connais rien. J’aime bien quand il y a un goût fermenté, pétillant plutôt en rouge et qui ne tape pas la tête. Ce qui est drôle avec le vin nature, ce sont les étiquettes, elles me font marrer. Le dernier vin que j’adore s’appelle “Partouze”. Ils sont toujours sympathiques ou choquants. Ici, il y a le prix à l’achat et le prix à table.


Tu dis que tu viens souvent ici, quel souvenir as-tu dans cet endroit ?


Le jour où j’ai emménagé dans ce quartier, j’étais avec mes parents qui n’habitent pas en France et on était venus ici. Mon père est très difficile et il avait adoré. On avait passé un super moment parce qu’on était autour d’une table ronde. C'est bien d'avoir un bon restaurant dans ton quartier. J’y vais très souvent en tout cas. C’est trop cool de pouvoir manger des choses différentes, on est toujours surpris et il n’y a pas de spécialité.


Quelles sont tes autres habitudes dans ce quartier ?


Les marchés, dont celui de place de la Réunion tous les dimanches et un autre boulevard Philippe Auguste tous les samedis. Donc les week-end sont rythmés par les marchés ce qui est important à mon sens.


Que fais-tu quand tu ne travailles pas ?


Le marché, la fête et j’adore danser.


C’est quoi une bonne fête selon toi ?


C’est un dîner qui t’amène à un endroit où tu n’avais pas du tout prévu d’aller et où tu rencontres plein de monde.


Donc tu n’es pas casanière ?


Non pas du tout. De temps en temps le dimanche j’aime bien être tranquille.


Et ça te dérange les gens qui le sont ?


Non, je ne sais pas comment ils font mais c’est leur leur choix.


As-tu le temps d’aller au musée ?


Oui j’adore. Mais comme toute la journée j’essaie de découvrir des projets différents, je trouve que c’est compliqué quand tu travailles la semaine d’aller voir des expositions le week-end. j’ai un peu déconnecté de ça. J’aime bien faire les galeries.


Comment fais-tu pour déconnecter ?


Généralement je pars de Paris. Je fais du yoga, c’est sympa mais ce n’est pas ça qui te sort les idées de la tête. Il faut faire un truc complètement différent comme quitter et aller à la campagne.


Où vas-tu à la campagne ?


Avant j’allais souvent dans ma maison en Normandie mais je ne l’ai plus. Je suis un peu triste. Sinon je vais dans le sud de la France. Et récemment, ma meilleure amie a déménagé au Havre donc j’y suis allée et j’aime beaucoup. Là j’en reviens et ça me dépayse beaucoup.


Tu ne pourrais pas vivre à la campagne ?


Non je ne serai pas à l’aise. J’ai peur des souris, je suis frileuse, j’ai peur, je ne suis pas trop débrouillarde…


Est-ce qu’Instagram est ton métier ?


Ça l’est toujours un peu parce que c’est une vitrine qui est devenue importante. Elle est constamment renouvelée donc oui c’est mon métier. Après Instagram c’est un piège quand on scroll sans arrêt, c’est déprimant. Tu ne contrôles pas ton emprisonnement avec ce média.


Il y a ce côté boulimique, c’est une plateforme qui demande à être alimentée en permanence et qui peut être fatigante pour tout le monde…


Je trouve quand même qu’Instagram est important parce que ça te crée de la notoriété, de la visibilité mais j’ai l’impression qu’à partir du moment où ça a bouffé la presse, la presse revient un peu. On se rend compte que le retour avec la presse est beaucoup plus direct qu’avec Instagram qui lui cible tellement de monde que c’est dur de tomber sur les bonnes personnes. Instagram devient plutôt un outil de notoriété et de représentation, mais ce n’est pas un outil qui t’apporte des résultats commerciaux. Dans le sens où une influenceuse qui poste un sac Chanel, toute sa communauté ne va pas pouvoir se permettre d’en acheter un…


Tu fais quoi pour vraiment te déconnecter ?


Je ne le fais pas souvent…


Transition


On arrive dans ton antre, ton monde extérieur. Où sommes-nous ?


On est dans mon agence, Klante. On a plusieurs espaces, là on se trouve dans l’espace de réception principal où on expose le plus de pièces. On est actuellement dans la cuisine.


Où sont situés tes bureaux ?


On est rue Saint-Honoré, loin du 20e, au métro Tuileries en face de l’ancien concept-store Colette.


Qu’est-ce que tu aimes dans ce quartier ?


J’aime la proximité des restaurants japonais de la rue Saint-Anne, les vieux cafés et bistrots. Et j’aime les Tuileries.


Tu y vas souvent ?


L’été j’aime bien y faire un tour en passant par l'église Saint-Roch. J’aime la ligne 14 qui traverse Paris. Je n’aime pas trop le marché Saint-Honoré. Mais c’est un quartier que je trouve assez vivant en journée. Ça me change complètement du quartier où j’habite et ça me plaît.


Pourquoi avoir choisi ce lieu ?


Ma famille a toujours travaillé dans ce coin. Mon père avait un restaurant sous les arcades. Il avait un self juste à côté et on a grandi dans ce quartier avec ma sœur. J’ai eu la possibilité d’avoir ces locaux. J'ai saisi cette chance. C’est un quartier central et pour un métier comme le mien ce n’est pas mal, et l'espace est divisé.


Où serais-tu aller autrement ?


Je ne sais pas. Si je ne faisais pas ce que je faisais, dans l’Est parisien, ou dans le 6e arrondissement pour découvrir un peu.


Comment le décrirais-tu ?


On a un peu l’impression d’être dans un appartement qui au final n’est pas très fonctionnel parce qu’on n’a pas de salle de bain. Tout est ouvert, il y a des accès traversants. C’est un appartement parisien un peu remixé à ma sauce.


Ça fait office de bureau, showroom…


Oui on peut dire ça, mais les pièces qui sont exposées ici ne respectent pas vraiment de règle ou de place délimitée. Mais j’aime bien mêler l’espace de vie et de travail avec des pièces d’artistes qu’on présente au quotidien. Je n’aime pas trop le terme ‘showroom’, je dirai que c’est plutôt un lieu de vie et d’accueil dans lequel se mélangent les pièces. J’aime bien recevoir, je fais des déjeuners et des dîners de temps en temps.


Est-ce qu’on peut dire qu’il est décoré ?


Ce n’est pas si décoré que ça car ce sont des pièces éphémères.


On sent que le mobilier a bien été choisi…


J’ai accordé beaucoup d’importance à ce lieu parce que c’est un lieu que je voulais élégant du début jusqu’à la fin. Je voulais montrer le sens du détail. Je suis partie sur une base de mobilier de famille issu des années 70, en loupe d'orme, très chrome, avec du cuir, du verre. Il y a des fauteuils Pierre Guariche que j’ai trouvé sur Leboncoin parce que je voulais accompagner cette table d’échec - j’aime bien les échecs et le backgammon. Il y a un jeu à l’intérieur. J’espère organiser un tournoi un jour. Il y a aussi des étagères Bouroullec de chez Vitra, du mobilier classique que j’ai chiné et des luminaires de Sciolari, un designer italien. Dans les espaces d’exposition, l’éclairage est important et c’est ça que je n’aime pas dans l’autre espace où il y a des lumières très directes et rasantes et j’aimais ce côté chaleureux des lampes d’appoints qui font qu’on se sent bien et pas agressé par la lumière d’exposition.


Tu m’emmènes dans ton bureau ?


Oui. Là, il y a un autre luminaire en verre de Murano, c’est du verre soufflé. Il y a mon ensemble Pierre Paulin que j’ai récupéré de mon grand-père. Avant je jouais dessous quand j’étais petite et maintenant je travaille dessus. Je suis assez chanceuse d’avoir ça. Les pièces sont vintage mais assez contemporaines quand même. Je trouve que le chrome apporte une élégance forte.


Il y a presque un côté américain…


C’est ça qui est aussi intéressant dans ton lieu de vie. Tu peux jouer deux personnages, tu as plusieurs facettes et la continuité est logique. Je n’ai pas la place pour ce mobilier chez moi et je n’ai pas envie d’avoir ce côté légèrement froid que je n’ai pas peur de casser. C’est surtout un lieu de travail.


Tu travailles beaucoup ?


Oui j’aime bien travailler. Je suis une bosseuse un peu particulière parce que j’ai une organisation propre à moi-même.


Tu passes beaucoup de temps ici ?


Oui, mais de temps en temps, ça fait du bien de faire une journée de télétravail. J’adore venir le samedi ou le dimanche ici, je me sens chez moi. Ça m'amuse de voir que cet espace n’est pas encore terminé.


Qu’est-ce qu’il manque ?


J’ai encore des pièces de mobilier que j’aimerais avoir, surtout d'exposition. J’ai déjà des pistes mais c’est quelque chose que je vais pousser.


Parle-nous de Klante. En quoi consiste ton métier ?


C’est une agence de relations presse et publiques. Le métier de RP consiste à mettre en lumière des projets au travers de rencontres avec des médias et des professionnels. Ça permet de mettre en avant les valeurs d’une entreprise, d’un projet, d’un talent artistique. On organise des rencontres essentiellement avec la presse quand on parle de talents ou de projets dans les médias. Mais aussi créer de l’influence digitale avec les réseaux sociaux. Ce qui m’intéresse, c‘est de créer des rencontres et des synergies entre des talents, des projets et des institutions pour créer de nouvelles histoires. La genèse du projet était de créer du lien entre ces acteurs.


Tu parles de talents mais pas spécifiquement de marque…


Je trouve le talent assez chic et derrière chaque marque se trouve un talent. J’ai commencé avec des personnes et je travaille aussi avec des lieux aujourd’hui.


Comment les as-tu choisis ?


Ce projet vient avant tout de l’art de vivre dans sa globalité. L’idée est d’avoir plein de domaines différents qui ne se ressemblent pas mais qui vont super bien ensemble. J’ai commencé par prendre tous les domaines qui m’intéressaient le plus et contacter les personnes qui me paraissaient être le plus proche de moi-même. C’est un choix assez personnel. J’ai commencé par la gastronomie car c’est un de mes domaines préférés. Ensuite tout ce qui tourne autour de la gastronomie comme la céramique, puis l’art plastique, l’édition, la fleur…C’est comme si j’étais un magazine où le but est que les projets coïncident ensemble.


Qu’est-ce qui t'attire dans un projet ?


La dimension humaine et la rencontre sont très importantes. Il y a une considération de la relation avec la personne que je trouve primordiale. Il n’y a pas vraiment de règles, ce sont des choses, belles singulières ou techniques. Il n’y a pas de critères, ce sont des coups de foudre. Je suis très intéressée par les prouesses techniques.


Comment tu crées des histoires avec ces talents et projets ?


Il y a des projets très jeunes où il faut construire l’histoire de A à Z. D’autres qui sont là depuis plus longtemps qui ont envie de changer leur histoire en gardant la genèse et enfin d’autres qui ont déjà l’histoire écrite et qui veulent qu’on les accompagne vers de nouvelles communautés. Ce mix est de plus en plus évident. Quand on crée une histoire de toute pièce, on les accompagne sur la construction de l’image, du discours, des textes en les mettant en relation avec des prestataires et on leur donne des petites idées ce qui est pour nous le plus fidèle par rapport à notre expérience.


Si tu ne faisais pas ce métier tu ferais quoi ?


Un restaurant. Je suis sûr que j’en ferai un un jour, ou peut-être un lieu d’accueil.


Quel regard portes-tu sur notre époque ?


Je trouve qu’on est dans une époque où on respecte les traditions. On évolue, on garde toujours des choses du passé mais on est de plus en plus moderne. Je suis un peu agacée par les réseaux sociaux mais c’est mon métier de faire avec. Je trouve qu’on a une addiction à l’écran.


Tu aurais aimé vivre dans une époque en particulier ?


Non, je suis bien dans cette époque. Je pense que si je devais en choisir une par rapport à mes goûts, ce serait les années 70.


On continue la visite ?


Là on est dans la deuxième pièce, qui est l’espace de travail principal. C’est un grand espace de coworking. On a mêlé l’espace de travail avec d’autres pièces. On a surtout fait une œuvre in situ qui est une cheminée complètement carrelée. J’aimerais proposer à des artistes de s’approprier l’espace de plus en plus. On a toutes les pièces qui sont exposées dans l’espace. Là il y a mon bar avec des alcools un peu rares. On a un de nos clients qui a fait un pop-up à Mexico City donc on a une belle collection de bouteilles de Mezcal très rares. Dès que quelqu’un veut boire un verre, il est toujours le bienvenu. J’ai un chariot Christofle qui était un cadeau du mariage de mes parents qu’ils me prêtent mais j’ai envie de le garder à vie ! Il y a des étagères d’expositions où on retrouve tout l’univers de l’agence. Il y a un autre espace de repos qu’on va développer et penser à aménager.


Il y avait de la musique quand on est arrivés…


Oui il y a tout le temps de la musique. Notre chanson du moment c’est la Kiffance de Naps. Il y a des moments de calme ou des moments d’excitation comme le vendredi soir…


Quelle est la place de la musique dans ton quotidien ?


J’en écoute tout le temps, ça fait tellement plaisir.


Dernière question, qui aimerais-tu entendre dans ce podcast ?


Naps ce serait génial ! (rires) Stéphane Mulliez qui est une artiste extraordinaire qui habite à Lisbonne où elle a une résidence d’artistes La Junqueira. Elle a lancé sa ligne de céramique qui correspond très bien à Réuni


Crédits photos RÉUNI 


Références :


L’agence Klante : https://klante.co

@klante_communication : https://www.instagram.com/klante_communication_/

David Giroire : http://davidgiroire.com

Studio KO : http://www.studioko.fr 

Galerie Cinéma : https://galerie-cinema.com 

Scott and Co : https://scott-andco.com/about/ 

Technikart : https://www.technikart.com/produit/technikart-abonnement/ 

La junqueira : https://lajunqueira.org/residency/

La Romaine Editions : https://laromaine-editions.com

Emile Degorce-Dumas : https://www.instagram.com/emiledegorcedumas/?hl=en

Thyrse : https://www.instagram.com/thyrse.paris/?hl=en

La Baroude : https://www.instagram.com/la_baroude/?hl=en

Raphaël Giannesini : https://www.instagram.com/gia_viewing_room/?hl=en

Stephane Mulliez : https://www.instagram.com/stephanemulliez/?hl=en


Adresses : 


À la vierge : https://www.alavierge.com 

La Cave Michel https://www.instagram.com/lacaveamichel/?hl=en

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