Le Monde de RÉUNI explore l'univers, le parcours et les points de vue d'artisans, d'artistes, d'entrepreneurs, de personnalités des industries créatives et culturelles qui contribuent à la préservation et à la valorisation des savoir-faire et qui influencent d'une manière ou d'une autre notre esthétique et notre art de vivre.
Dans un monde baigné quotidiennement d’images, il peut être difficile de sortir du lot avec une identité visuelle singulière. Et pourtant, Marine Giraudo est parvenue à s’ancrer dans l’ère du temps en utilisant des médiums antithétiques mais aux effets tout aussi impactants.
L’image, c’est son domaine. Elle a commencé par créer des univers en utilisant la réalité virtuelle. Si l’innovation technologique lui a permis de réaliser de nombreuses collaborations, c’est au contraire en revenant au 2D et à la matière existante qu’elle s'épanouit aujourd’hui. À partir de textures, formes et couleurs des images qu’elle sélectionne, elle imagine des collages et recompose un tout autre univers visuel pour de nombreuses marques de mode.
Véritable créatrice d’images, elle a l’œil pour distinguer le beau et ce, même jusque dans son environnement. Son amour pour le mobilier vintage et les objets aux vies antérieures est un peu à l’image de ses collages : une envie de redonner vie à un passé voué à être oublié, le tout avec poésie.
Rencontre à ciel et cœur ouverts dans son appartement parisien.
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Bonjour Marine, pourrais-tu te présenter?
Je m’appelle Marine, j’ai 30 ans et je suis née dans le 18e. J'ai vécu entre le 9e et le 18e toute mon enfance et je suis juste partie vivre quatre ans à Lausanne en Suisse pour faire mes études et ensuite revenir à Paris.
Pourrais-tu nous décrire ce lieu ?
On est dans mon nouveau chez moi. Je viens de déménager il n’ y a même pas un mois. Avant, j’étais dans le 19e à Laumière, j’aimais bien le quartier mais j’étouffais un peu. Je manquais d’une vue. C’était comme une obsession, je ne parlais que de cela à mes amis. J’avais envie de voir l’horizon. C’était un peu ce que je voulais : voir l’horizon, le ciel, le soleil, la lumière. Et puis j’ai trouvé cet appartement. On est au 10e étage d’une tour qui est en plein centre du 11e arrondissement, Rue Saint-Maur. Heureusement avec la hauteur, je n'entends pas la frénésie des bars qui sont en bas !
Comment décrirais-tu cet endroit pour ceux qui ne voient pas les images ou les vidéos ? Ça ressemble à quoi ?
On est dans un grand studio. Mon lit est dans une petite alcôve, donc il n'est pas séparé du reste mais comme je vis seule ça n’a pas beaucoup d’importance. J’ai une cuisine et surtout une grande fenêtre. Ce qui est drôle, c’est qu’en arrivant dans l’immeuble on ne sait pas vraiment sur quoi on va tomber. D’ailleurs la cage d’escalier est assez jolie un peu dans le style Charlotte Perriand que j’adore.
C’est donc un bâtiment des années 70…
Oui, je pense. Quand tu arrives dans le couloir, tu as un peu l’impression d’être dans les immeubles des stations ski, c’est un peu étrange et très sombre. Et puis quand tu ouvres la porte d’entrée, il y a cette grande fenêtre qui va du sol au plafond. Je voulais vraiment avoir cette sensation. Comme si en rentrant chez toi tu avais encore le pied dehors. Tu ne t’enfermes pas chez toi, il y a encore de la vie et les gens qui sont dehors. J’adore le matin, parce qu’on voit le lever du soleil, le boucher qui s’installe, les enfants qui vont à l’école… En fait, il y a beaucoup de choses à voir et en même temps, rien à voir. Tu peux te focaliser sur quelque chose : un voisin au loin, des oiseaux, ou juste se laisser porter en regardant le ciel.
Comment as-tu agencé cet endroit de sorte que ce soit à la fois petit, mais en même temps très spacieux ?
Je l’ai agencé avec les meubles que j’avais déjà avant. Je n'ai rien acheté. En fait, tous mes objets sont des coups de cœur, ou alors on me les a offerts. Je les ai trouvés au fur et à mesure du temps. Il y en a pas mal que j’avais depuis super longtemps dont certains de la chambre dans laquelle j’étais chez mes parents.
Personnellement, j’ai à chaque fois le sentiment de recommencer à zéro… Est-ce que tu as ce besoin de garder des objets qui vont traverser tes différentes vies ?
Je suis un peu comme toi parce que je fais une sorte de grand ménage de printemps qui me vide la tête. J’en ai besoin. Je n'aime pas accumuler les objets, ça m’angoisse. J’aime bien avoir cette sensation de pouvoir me barrer du jour au lendemain et qu’il n’y ait pas grand-chose qui me retienne. Mais je dois dire que si je regarde autour de moi, j’ai pas mal d’objets qui me suivent depuis longtemps et auxquels je suis attachée. Je ne suis pas matérialiste. Le peu d’objets que j’achète ont une valeur sentimentale. Chaque objet est lié à une personne ou à un moment. J’ai une mémoire assez visuelle donc quand j’ouvre le placard de ma cuisine, il y aura des verres ou des assiettes qui me projettent au moment où je me les suis procurés. Il s’agit d’une sensation qui va être associée à l’objet. Par exemple, mon père m'avait ramené ce miroir un matin à Waterloo en Belgique. C’est un objet qui me touche et que j’aime bien voir au quotidien.
Entre ces objets, si tu devais n’en choisir qu'un seul, ça serait lequel ?
Il n’est pas dans mon appartement mais dans mon sac à main. C’est mon petit appareil Olympus qu’un ancien amoureux m’a offert et j’y suis très attachée parce que je fais constamment des photos de mes amis. J’accumule plutôt les souvenirs. J’ai des tonnes de photos que j’aime bien laisser en hauteur. Avec mes amis, on se retrouve là-dedans. Chez ma grand-mère, c’était comme ça aussi. Il y avait un sac avec plein de photos. Je trouve ça marrant de voir l’évolution en regardant les photos d’il y a 5 ans et celles d’aujourd’hui. J’en accroche de temps en temps et je les change assez régulièrement. Ça me rappelle les souvenirs des gens qui me manquent.
Peut-on dire que cet appartement est décoré ?
Oui parce qu’il y a des objets. Il est décoré à ma façon. Je ne peux pas dire qu'il me ressemble, car je ne sais pas à quoi je ressemble. Mais, ma mère m’avait dit : « il est décoré à ta manière, parce que ça te ressemble, on sent que c’est ton endroit. ».
Et comment ta mère te définirait ?
Il y a une phrase qu’elle me dit souvent depuis que je suis petite : « j’ai un œil ». Je ne comprenais pas avant, mais j’ai une passion pour aller chiner. Elle était souvent étonnée que je lui montre tel ou tel objet. Elle me disait : « je n’aime pas du tout, mais je comprends que tu l’aimes ».
Tes parents ont forcément participé à ton esthétique. Comment l’ont-ils formée ?
Ce sont eux qui en sont à l’origine. Même avant eux, ce sont mes grands-parents qui ont formé la-leur. Il y a une grande importance portée à la décoration et au mobilier dans ma famille. Les parents de mon père étaient antiquaires dans le mobilier du XIXe. Le meilleur ami de mon père, qui est aussi mon parrain, était marchand de tableaux. Mon oncle chine du mobilier. Mon père travaille également dans la déco. Il avait une boutique à Bruxelles où il mixait des objets qu’il chinait et qu’il retapait. Ma mère était styliste et depuis 10 ans, elle fait des papiers peints et de la céramique.
C’était quoi le style à la maison quand tu étais petite ?
On allait beaucoup aux puces de Saint-Ouen. Mes parents ont toujours dégoté des objets. Ils faisaient beaucoup de brocantes.
Pour revenir sur tes meubles, tu as trois pièces qui sont rigolotes. Il y a cette chaise rouge, ce tabouret que tu appelles Knacki, cette table et ce fauteuil sur lequel je suis assis… Peux-tu nous en parler ?
La chaise rouge, c’est un copain qui me l’a piquée d’une terrasse d’un café. J’ai eu un coup de cœur. Parfois je vois des trucs et j’en deviens folle. Cette chaise est une vieille édition Ikea des années 70. Je l’adore même si elle n'est pas super confortable. Ce petit tabouret, on l’appelle Knacki. Ce sont mes copains qui l’ont surnommé comme ça car il a quatre embouts de bois qui sont comme deux knackis coupées en deux et qui sont accolées. On pense que ce n’est pas du tout confortable pourtant ça l’est. Ça fait partie du mobilier que mon père représentait dans sa boutique. Les designers s’appellent La Chance. Le mien est entouré d'un petit arceau orange. Tout est assez sobre chez moi et de temps en temps, c’est ponctué de couleurs un peu vives. Ma lampe rouge m’a été offerte par mon père quand j’étais toute petite. Je la détestais et j’ai appris à l'aimer récemment. En fait, j’ai découvert qu’elle était rééditée par un designer qui s’appelleLumel et qu’elle a un peu de valeur maintenant. Donc je suis contente de ne pas m'en être débarrassée.
Est ce qu’il y a d’autres objets ou mobiliers qui nécessitent d’être décrits ?
Le fauteuil sur lequel tu es assis appartenait à ma grand-mère. En réalité, il n'est pas très pratique parce qu’il prend beaucoup de place pour une personne mais, je ne peux pas m’en séparer. L’assise est en bois et il faut juste que je refasse la tapisserie.
Quel est ton endroit préféré ?
Comme c’est un studio d’une seule pièce je n’ai pas trop le choix mais je dirais cette fenêtre. Je suis devant cette fenêtre du matin au soir parce que j’ai le coucher et le lever du soleil. Et puis, je suis bien dans mon lit. Il est super confortable.
Revenons sur ton parcours. De quoi avais-tu envie plus jeune ?
Au tout début, quand j’étais petite, j’étais passionnée par le cheval. Donc je voulais travailler dans ce domaine. Je disais à ma mère que je serais palefrenière alors qu’elle n’aime pas du tout ça. Elle voulait quitter ce monde de la campagne quand elle était plus jeune et elle ne comprenait pas les chevaux. Ensuite, adolescente, j’ai quitté les chevaux pour plutôt faire la fête et aller à des booms. Puis j’ai longtemps cherché. Je ne savais pas. Ma mère me disait : “il faut que tu sois directrice artistique, à mon avis c’est ton truc ». Je ne comprenais pas ce que c’était. C’était assez abstrait pour moi et pourtant c’est resté dans ma tête. J’étais super mauvaise à l’école. Je ne m'en sortais pas. J’avais qu’une seule hâte c'était d’obtenir mon bac et que ça s’arrête. Je l’ai obtenu à 10,02. Mon père pleurait quand je l’ai eu. C’était vraiment la libération. On me disait qu’il fallait que je me lance dans un métier plutôt créatif mais il fallait un bon niveau à l’école. C’est absurde car si tu n’as pas 15 en SVT et bien tu ne peux pas aller faire du dessin. Je savais que c’est là que je voulais aller mais je n'ai pas pu rentrer dans ces écoles. Donc je suis allé à la fac en histoire de l’art à Tolbiac dans le 13e arrondissement. Je me souviens qu’il y avait des échafaudages qui tenaient le bâtiment parce que des fenêtres tombaient. Il y avait même des salles de classe où il y avait des trous dans le sol et on pouvait voir les salles de cours d’au-dessous. Le bâtiment était très vieux. Il fallait venir tôt le matin pour avoir une chaise et ne pas s'asseoir à terre. Je ne sais pas comment j’ai fait parce que j’y suis restée trois ans. Je crois que j’ai gardé la niaque d’aller jusqu’au bout parce que j’avais enfin de bonnes notes. Et comme ça ne m'était jamais arrivé… Malgré tout, je ne garde rien de ces études.
Un ou deux livres peut-être ?
Oui, des livres et des photos. J’aimais bien faire des exposés, c’était la seule chose que j’appréciais. J’ai fait quelques stages à la fac dont un chez mon parrain qui avait une galerie Rue de Lille. C’était sympa parce qu’il m'emmenait à Drouot aux ventes enchères. J’adorais ça. En 3e année, j’avais fait un stage dans une boîte d'attachés de presse pour les évènements culturels. Il n’y avait que des femmes qui n’étaient pas sympas et une mauvaise ambiance qui me rendait malheureuse. Être dans une boîte et avoir des horaires strictes, j’ai compris que ce n’était pas trop mon truc. En faisant un peu de recherches sur les écoles d’art, j’ai trouvé le site de L’ECAL, une école de design et d’art à Lausanne en Suisse. Je ne savais même pas où était Lausanne, mais le site était très attrayant et professionnel. Comme j’avais déjà 23 ans, je me disais qu'il me fallait une formation qui m’assurerait de trouver du travail. J’ai montré le site à mes parents qui m'ont confirmé que ça ressemblait à ce que j’aimais.
Les années que tu as passées là-bas, étaient-elles vraiment conformes à tes attentes ?
Arrivée à Lausanne, ça n'a pas été facile parce que je venais de Paris où j’étais quand même bien. J’avais mes amis, j’avais un rythme de vie, une diversité dans les quartiers, un accès à des galeries et à des musées, et puis j’aimais la nature. Or, Lausanne est une petite ville où il n'y a pas vraiment de quartiers. Je me suis tout de suite demandé où allais-je trouver des idées si ce n’est à la bibliothèque. J’ai dû changer mon mode de consommation d’images. Donc c’était un peu le truc qui m’a changé. En revanche, l’école en elle-même est géniale parce qu' il y a quand même une infrastructure et des moyens qui sont dingues pour une école d’art. Il y a un labo photo, des salles de maquettes pour les designers avec des imprimantes 3D, une section média-interaction-design avec les derniers outils de réalité virtuelle, des ordinateurs... Si tu avais une idée, tu avais tout pour la réaliser. C’est quand même du luxe.
Tu avais envie d’être graphiste ou directrice artistique ?
C'était une formation de graphisme et au bout de 3 ans je me suis sentie un peu bloquée dans ce que je faisais parce qu' il y avait des gens dans ma classe qui faisaient ça beaucoup mieux que moi. Je ne savais pas trop si c'était ça que je voulais faire : des logos, de la typo, de la mise en page… On bossait tellement à l’ECAL qu’on n’avait pas de recul sur ce que voulait faire après. J’avançais un peu au fur et à mesure, semestre après semestre. C’est vraiment en troisième année où j’ai commencé à m’amuser un petit peu dans mon travail en me rapprochant du digital. J’étais tellement bloquée dans les logiciels Photoshop, InDesign et dans les références qu’on avait en graphisme donc je me suis dit, en m’intéressant à un logiciel comme After Effect, je vais trouver un moyen de faire des images d’une manière différente. Au début c’était de l’image animée puis j’arrivais ensuite à en faire des images fixes. Ça me permettait d’avoir des résultats qui étaient différents et donc un peu plus excitants. Je me suis beaucoup amusée pendant mon projet de diplôme. C’est là que je me suis trouvée et c’est ce qui m’a permis de travailler à Paris.
C’était quoi ton projet de diplôme ?
D’abord, à L’ECAL, on avait uniquement trois mois pour faire notre diplôme. Dans une salle à L’ECAL j’avais vu qu’on avait du matériel de réalité virtuelle et je n’avais jamais essayé. J’ai demandé à le tester, pile poil à la réalisation de mon projet de diplôme et dès que j’ai mis le casque j’étais complètement coupée de la réalité au point d’en oublier la salle dans laquelle j'étais. J’étais en immersion. Il n’y a pas beaucoup de choses comme ça qui surprennent. Shazam m’a fait halluciner la première fois, et bien l’autre truc, c’est la réalité virtuelle. Je me disais qu’il y avait vraiment quelque chose à faire avec ça.
Le médium est bien, qu’en est-il de l’esthétique ?
En faisant des études en communication visuelle, notamment en graphisme, mon but était quand même de trouver des mediums pour faire passer un message. Donc j’ai essayé de l’envisager comme un nouveau médium de communication. Plutôt que de faire une affiche ou un livre où je vais un peu à l’encontre de moi-même, je vais utiliser ce médium-là pour en faire quelque chose. Du coup j’ai lâché mon idée de bouquin et je me suis renseignée pendant un mois. J’ai travaillé dans un workshop avec Tomas Drump qui fait de la 3D à Londres et qui a un studio. J’ai essayé de voir comment cela fonctionnait. J’étais encouragée par mon directeur de section même si les autres profs ne comprenaient pas trop ce que je faisais. Ce sont des pros de la typo qui font du graphisme pur et qui sont très bons dans ce qu’ils font et qui gagnent les Swiss Design Awards. Mon directeur de section qui était aussi directeur de la section Communication Media Interaction Design m’a dit : « vas-y, je t’encourage. Tu prends un risque mais je ne pense pas que ce soit pour rien. Fais-le. ». Après il ne restait plus qu'à trouver un sujet.
Comment as-tu trouvé le fil rouge de ton diplôme ?
J’ai eu vraiment beaucoup de chance parce que j’étais vraiment en panique pour mon diplôme et hyper stressée. Il y a eu un alignement des planètes. Un jour, je buvais un café devant l’ECAL et une copine dans une autre école d’art à Genève m’a dit qu’elle allait poser pour une collection de mode d’une certaine Vanessa Schindler. Je ne connaissais rien à la mode. Elle m’a montré sa collection avec un nouveau matériau qui s’appelle l'uréthane. C’était vraiment la particularité de son projet de diplôme qui était une collection qu’elle présentait au même moment que moi à Noël. On a été mises en contact par cette copine et je me suis dit qu’une collection de mode qui utilise des matériaux innovants pourrait parfaitement coller à mon médium. J’ai eu beaucoup de chance parce que le lendemain après avoir découvert son travail et vu ses photos, elle a shooté toute sa collection pour la présenter le Festival International de mode de la Villa de Noailles à Hyères, que je ne connaissais pas du tout. Elle a gentiment accepté de me recevoir pendant qu’elle faisait son shooting. Elle ne comprenait pas trop ce que je faisais mais elle m’a donné sa confiance. Ce n'était pas vraiment des photos mais plutôt des éléments du réel intégrés dans la réalité virtuelle. Donc j’ai shooté toute sa collection à ce moment-là. Puis, j’ai eu mon diplôme et le même mois elle a remporté le prix de la Villa à Noailles.
Sur quoi cela t’a amené ?
On m’a associée à la mode et au digital. Il y avait plusieurs personnes qui comprenaient le logiciel avec lequel je travaillais et qui avaient pu voir mon projet de diplôme. C’était quand même une étape importante. Je l’avais présenté à Paris lors d’un événement et à la villa Noailles 6 mois après. Mais dans l’esprit des gens, je fais du digital et de la mode. On m’a donc proposé quelques projets et j’ai tout accepté. Je ne voulais rien refuser. On me dit « tu fais de la vidéo », je dis « oui », « tu fais de la 3D », « oui, oui, je vais regarder un tuto », etc. Lorsque j’ai présenté ce projet de diplôme, il y a une boîte qui m’a approchée en me proposant du matériel et je me suis retrouvée dans ma chambre à faire ça. J’ai réalisé que ce projet m'avait fait travailler avec plusieurs personnes. C’était un vrai travail d’équipe et à ce moment-là je me suis retrouvée à faire tout ça seule. Par la suite, il y a une ancienne étudiante de L’ECAL qui s’appelle Lisa Guedel-Dolle qui travaillait au magazine L'Officiel. Elle s’occupait de faire la maquette print et elle m’a proposé de développer le digital. J’ai accepté de faire ça à mi-temps, comme ça je pouvais travailler sur des projets à côté tout en gagnant de l’argent. Lisa a été assez visionnaire, elle a été s’installer à Marseille et elle a créé une marque qui s’appelle Azur-World.
[Lisa Guedel Dolle a déjà été interviewée pour Réuni]
Tu as travaillé là-bas pendant combien de temps ?
Environ un an et demi. Après, on m’a débauchée pour travailler dans une agence de communication au pôle de la marque ACNE. À l’origine, c’est une agence de communication qui a créé des jeans en cadeau aux clients. Les jeans ont tellement plu qu’ils ont lancé leur marque de vêtements. Il y a deux filles à Paris qui voulaient créer une agence de communication et elles m’ont demandé de faire partie de la direction artistique de l’agence. Ce que j’ai fait pendant six mois mais ça n'a pas tenu longtemps. Puis j’ai travaillé sur des Fashion Weeks. Je m’occupais de la direction artistique digital de Fashion Week pendant deux ans pour une agence qui s’appelle Premices qui faisait la captation de défilés de mode. J’ai fini par être fatiguée d’être pressée comme un citron en essayant de trouver des idées, des sets designers, faire le montage… Et puis aussi d’être frustrée à cause de plein de raisons différentes que ça soit du temps, du budget, ou parfois des caprices. Les projets ne ressemblaient pas forcément à ce que j’avais en tête au début. Je n’avais pas de passion mais j’avais besoin de retrouver du plaisir dans mon travail. Très naturellement, c’est le collage qui est revenu. C’est une chose que je faisais quand j’avais 15 ans, 16 ans et c’est aussi comme ça que je suis rentrée à l’ECAL.
Grâce à l’édition de collage ?
Oui, j’ai fait une grande édition imprimée avec des collages. On revient à ce que l’on fait naturellement...
Pour revenir sur des sujets propres à la maison, quelle relation as-tu avec ta cuisine ?
Je ne suis pas une grande cuisinière. Je passe plus de temps à me faire du café et du thé à vrai dire. Ça ne fait pas longtemps que je suis là, donc je n'ai pas eu l’occasion de recevoir.
Et que cuisines-tu quand tu reçois ?
Je bricole, je mélange des trucs. Je fais un petit curry qui est pas mal !
Un peu comme tes collages finalement... Tu bricoles.
Oui, c’est vrai, je déteste suivre les règles Je préfère acheter des choses et les mélanger. Je mélange des bricoles qui me semblent aller bien ensemble. Après ce n’est pas là-dessus qu’on me fait des éloges.
On te fait des éloges sur quoi ?
Récemment sur mon travail. C'est nouveau pour moi.
Tu as trouvé un truc. Et vous avez toujours une recette que vous faites toujours dans ta famille ?
Non, on ne cuisine pas trop dans la famille. Ma grand-mère cuisine très bien parce qu’elle avait une auberge. Je suis allée la voir il y a deux jours, elle m’a fait des ailes de raie à la crème avec des câpres dans des casseroles en fonte. C’était dingue !
Je vois que tu as pas mal de livres quand même. Lequel préfères-tu ?
Tu connais le livre Zaï zaï zaï zaï ? Je le laisse à côté parce que lorsque j’ai des potes, ils l’ouvrent. C’est une BD de Fabcaro, il est trop fort. Habituellement je ne suis pas du tout BD. Mais celle-ci m’a été offerte par mon père. L’auteur récupère des scènes de vie complètement absurdes. C’est un peu humour noir et décalé. D’ailleurs, j’ai offert le dernier qui s’appelle Moon River à ma grand-mère. C’est un super cadeau à faire. Je t’encourage à le regarder. Ça, c'est un livre que mon ex, qui a une maison d’édition qui s’appelle Note-Note, m’a offert. C’est un livre de photos de Kuba Ryniewicz qui vient de sortir il y a trois jours. Les photos sont super belles. Puis, j’ai Réinventer l’amour de Mona Chollet. Je pense que toutes les nanas ont ce livre. Ici j’ai Valentine Schlegel que mon copain Rémy m'a fait découvrir. La graphiste vivait à Sète. Ce qui est super beau ce sont les cheminées. Elles sont complètement intégrées à l’architecture hyper sobre. En fait, ça correspond aux esthétiques qui sont appréciées actuellement, sauf que c’était dans les années 60.
Je pense qu’on a fait un tour de ton monde intérieur, nous allons donc sortir. Comment te déplaces-tu habituellement à Paris ?
J’ai un petit scoot vintage de chez Peugeot que j’adore. Je l’ai trouvé sur Leboncoin. Il a mon âge, il est de 91 et je l’adore. Il est tout petit et bleu.
J’ai l’impression que la musique prend une très grande place dans ta vie. Tu as même un tourne disque… Parle-nous de cette passion !
Ça a beaucoup de place dans ma vie parce que je n'ai pas de passions particulières mais je passe beaucoup de temps à écouter de la musique. Ça vient de mon père qui travaillait dans la musique quand j'étais plus jeune. Il était directeur marketing chez Wagram et avant chez BMG.
Donc il vient de la musique avant d’être dans le design et les meubles !
Oui, c’était une reconversion. En fait, mes parents ont eu trois ou quatre métiers chacun. De même que mes grand-parents. Ma grand-mère était danseuse à Las Vegas avant d’avoir son auberge. Ma mère avant d’être antiquaire était styliste et après elle a fait des papiers peints. Mon père faisait de la musique et après il s’est mis à travailler dans la décoration. J'envisage ma vie sous forme de plusieurs vies.
Quel est ton groupe de musique favori ?
Je suis une fan inconditionnelle de Jamiroquai depuis que je suis toute petite. Ça vient de mon père et des tonnes de CD qu’il avait chez nous. Je pense que le goût pour le graphisme vient de là aussi. Je garde aussi des pochettes de CD et de vinyles. Comme les pochettes de Blue Note que je trouve trop belles. Et surtout j'ai eu de la chance car mon père me filait des CD quand j’avais 10 ans. Il avait des CD de Jamiroquai, Daft Punk, de la bossa nova, les Rolling Stones, The Streets... On écoutait la musique et on dansait. La musique était tout le temps dans les chambres de tout le monde. C’est un truc que j’ai gardé et que ma sœur a aussi gardé. Elle mixe et elle fait des podcasts de musique ambiante. Mon oncle était DJ. Il faisait partie d’un collectif qui organisait des rave party dans la piscine Molitor dans le 16e à Paris.
Tu disais précédemment avoir déjà travaillé dans la mode. Quel est ton rapport au vêtement aujourd’hui ?
Au quotidien du point de vue vestimentaire, il faut que je sois à l’aise. Je ne suis pas une fashionista qui collectionne les chaussures, les talons et les sacs. J’ai besoin d’avoir chaud l’hiver, de me sentir à l’aise et d’être dans des vêtements qui sont amples. Je vais donc toujours vers le même gros pull chaud bleu, le même pull gris, des baskets pour courir et pour faire du scoot. De temps en temps, je mets des boots.
Il y a des vêtements aussi qui apparaissent dans tes collages. Quelle relation as-tu avec ces images de mode et ces vêtements ?
Je travaille plutôt sur les images de mode puisque je travaille sur des collages, donc ce sont des photos qui ont été faites ou que je fais. Ce n’est pas le vêtement tel quel, c’est déjà une réinterprétation du vêtement. Ce que j’aime bien dans mon travail, c’est le fait d’essayer de capter la sensibilité que la marque veut retranscrire et son identité. Tu as le vêtement et tu as ce que tu vas communiquer : l’image de la marque. Je suis contente quand une marque me dit que j’ai parfaitement compris ce qu’elle essaye de communiquer. Mon but est d’essayer de retranscrire la personnalité, la sensibilité d’une marque, peu importe le médium. C’est là que le collage m’aide car je suis libre de mélanger des textures, des couleurs et de superposer. Je le fais avec le collage parce que je suis à l’aise. En graphisme je n’étais pas à l’aise car je passais mon temps à regarder des références, tandis que pour le collage je ne regarde pas ce qui se passe à côté.
Quelles sont les grandes références dans ce monde ?
Au tout début, Braque avec Picasso dans un tableau avec une guitare où il intègre du sable et un bout de papier peint. Après il y a Jacques Villeglé, Raymond Hains, qui sont plus des affiches lacérées et qui m’ont touchée en étant petite. C’était le début du ready-made, il se passait quelque chose qui n’est pas de leur propre intervention, mais plutôt dans le quotidien des gens.
Comment les marques t’approchent ?
Par Instagram. L’année dernière j’ai posté mes propres créations sur Instagram et par chance il y a Julien Gallico qui a repris l’image d’Isabel Marant qui travaillait avec Arthur Machin et qui m'a contactée pour faire un travail sur leurs bijoux. C’est une marque que j’adore. C’était la première fois que je faisais des collages pour une marque.
Qu’est-ce que tu aimes chez cette marque ?
Leurs images, ce côté parisien, le gros pull chic et confortable…
Avec qui d’autre as-tu travaillé depuis ?
Suite à cela, chez Net-A-Porter pour une campagne digitale. C’était un grand projet. Et après Marie et Pauline, de Such&Such m’ont contactée car elles ne pouvaient pas faire leur journée presse à cause du Covid. Il fallait que je fasse tout un compte Instagram et que je fasse la direction artistique du compte. L’année dernière j’ai eu une grande visibilité. Pendant cette période, je me suis mise à la place de la marque pour voir comment j’allais communiquer son image et par quel médium. Donc j’ai créé une identité pour chacune.
Comment arrives-tu à identifier l’ADN d’une marque ?
Je n’ai pas la prétention de tout savoir, mais je me permets de le faire à ma sauce.
D’ailleurs, on va faire un projet ensemble. As-tu déjà une idée ?
En voyant les photos, c’est chaleureux, c’est doux, c’est proche de la nature, c’est réconfortant, donc ce sont des mots clés. Ce qui me met la pression c’est que vous avez déjà de belles images. Est-ce que je vais réussir à faire mieux ? En tout cas, je vais essayer de faire quelque chose qui me ressemble.
Comment te définis-tu d’ailleurs ?
Couteau-Suisse ? Seule chose que j’aurai garder de la Suisse (rires). Je n’arrive pas à le préciser. C’est un problème que je rencontre lors des dîners quand on me demande ce que je fais. C’est pour ça que je ne me pose plus la question. Je ne pense pas qu’on se définisse par le travail. Il y a des gens qui ont des boulots qui n’est pas leur passion. Moi c’est mon cas, mais quand on me demande je réponds : “je fais de l’image pour la mode”.
Que poses-tu comme question pour comprendre qui ils sont ?
Parfois, tune poses pas la question dès la première rencontre car c’est très naturel. Tu la poses après la troisième ou la quatrième rencontre. On peut commencer par une blague par exemple. Cela vient au travers de conversations spontanées.
À quoi ressemblent tes journées types ?
Ce n’est pas vraiment captivant. J'aimerais dire que je bois un grand verre d’eau et que je vais courir aux Buttes Chaumont mais ce n'est pas le cas (rires). Je me réveille avec le lever du jour, c’est ce qui est génial avec mon appartement. Je me fais un café et je fume une clope. Ce n’est pas le top mais c’est comme ça que je commence mes journées. Après je prends une douche, je m’habille, je regarde mes mails chez moi car j’essaye d’y laisser mon ordinateur et de travailler manuellement quand je suis à l'atelier. Maintenant, j’ai un poste de travail debout. Puis, je prends mon scoot, je commence ma journée de travail et je reste tard le soir. Je travaille avec un collectif qui s'appelle First Laid qui vient des Beaux Arts de Reims. Ils ont monté une maison d’édition ensemble et ils m’ont intégrée. Tout ça pour dire que j’aime travailler tard quand tout le monde dort, c’est comme ça que je travaillais, ado. Je faisais des collages la nuit au calme. Je mets de la musique et c’est la nuit que je me sens bien.
Tu habites donc Rue Saint-Maur, pourquoi avoir choisi ce quartier ? As-tu des adresses à nous partager ?
Je ne connais pas vraiment le quartier. J’ai une adresse où j’ai acheté ma veste Pilote. J’ai uniquement de nouveaux coins pour me coiffer chez Volume ou ultraViolet pour chiner des vêtements. Pour le moment ce sont les seules adresses que j’ai car je viens juste d'emménager. J’avais plus d’adresses avant à Laumière où j’habitais. J’adore les Buttes Chaumont tout en haut de la tourelle, comme dans le film LOVE de Gaspar Noé.
Quels sont tes lieux favoris ?
Les Buttes Bergères parce que c’est un lieu caché. C’est mon copain Rémy qui me l’a montré entre Belleville et les Buttes Chaumont. C’est magnifique, il y a une série de maisons trop belles. Caché dans le 20e aussi, il y a un endroit qui s’appelle la Campagne à Paris qu’une copine m’a fait découvrir. C'est comme l'avenue Junot, très déconnecté. J’aime bien traverser les ponts en scoot.
Aimes-tu Paris ?
Comme tout parisien, j’aime Paris et je déteste Paris. Je l’aime parce que j’y ai mes habitudes, j’ai tous mes potes à Paris et j’aime son architecture. Mais c’est épuisant et c’est speed. Pour autant, je n’arrive pas à quitter la ville car j’y ai tous mes amis.
Tu avais envie de quitter Paris ?
J’aimerais bien un jour vivre dans une autre ville, mais je ne l’ai pas encore trouvée. En fait, tu peux vivre n’importe où mais si tu es tout seul c’est compliqué. Alors qu'à Lausanne j’ai rencontré mes meilleurs potes et même si c’est tout petit on a trouvé des trucs à faire.
Comment définis-tu ton art de vivre ?
C’est paradoxal. Je peux à la fois être flâneuse et ne rien faire. C’est un truc que j’ai appris récemment.
Comment fais-tu pour ne rien faire ?
Au début, je culpabilisais, mais j'aime être dans mon appartement, changer les objets de place, me faire un thé, fumer une clope, m'allonger sur le canapé et regarder le ciel. C’est une façon d’accepter de me reposer. Je peux passer plusieurs jours comme ça. C’est un moment de repos qui me permet de reprendre le travail.
Comment envisages-tu la suite des événements sur ton histoire de collage ?
Je ne me projette pas beaucoup. Parfois j’ai peur. Même si un jour je ne trouve plus de collaboration, je pense que le collage restera un travail qui me fait du bien. C’est une pratique artistique.
Comment as-tu trouvé ton atelier et comment l’as-tu agencé ?
On est Porte de Clichy au 15 ͤ étage d’une tour, avec une vue dingue sur Paris. L’endroit est super lumineux. On est plein d’artistes à avoir un bureau qui peut servir aussi de galerie. J’ai été hyper chanceuse de trouver cet
endroit. En fait, j’ai posté sur Instagram que j’avais besoin d’un atelier et une copine qui est graphiste avec son copain m’a accueillie pour partager leurs bureaux. Donc j’ai mon petit espace et ça change tout. Au tout début, j’avais du mal à travailler devant les gens car j’étais habituée à travailler toute seule. Mais là je me suis habituée et je me suis relâchée. Il y a un mur blanc, une table et plein de magazines, nouveaux comme anciens. Je travaillais beaucoup avec Paris Match. Maintenant, ce sont divers magazines.
Est-ce que tu as des magazines que tu détestes ou que tu aimes en particulier ?
En fait, je cherche plutôt des textures, peu importe le magazine. Un autre souci que je me fais aujourd’hui du fait que je travaille pour d’autres personnes, c’est que je fais attention aux droits d’images. Dans mes collages, il y a beaucoup de textures pour qu’on ne remarque pas les images. J’ai commencé un autre projet de collage à partir de mes photos.
Est-ce que tu as aussi le syndrome de la page blanche ?
Actuellement oui. C’est la première fois que ça m’arrive. J’insiste car je viens à l’atelier chaque jour, mais quand ça ne vient pas, ça ne vient pas. Il faut que je sois bien dans ma tête mais c'est aussi une affaire de recherches. En cherchant, je peux voir des choses et avoir des idées. C’est excitant. C’est pourquoi je sens que le collage est mon truc.
Et concernant la photo ?
Là par exemple, je sais ce que je voulais. La photo ressemble à du collage. Mais je pense également à créer une énorme banque d’images qui me permettraient de faire mes collages. C’est difficile, parce que j’aime l’aléatoire qu’on trouve dans les couleurs et les textures des magazines.
Ce qui est intéressant c’est que tu fais un mix d’images plutôt contemporaines. C’est un peu une synthèse sur notre époque. Tu aimes bien notre époque ?
Non, à vrai dire. Surtout en ce moment de covid et tout ce qui se passe. En parlant à une amie au téléphone, on se disait si ce n’était pas mieux avant quand il n'y avait pas internet ? Il n'y avait pas les réseaux sociaux, on ne se comparait pas. Certes maintenaient il est facile de trouver ce qu’on cherche rapidement mais on se perd parfois. On cherche beaucoup afin de trouver quelque chose d’unique.
Le fait de consommer par l’image, notamment sur Instagram, en fin de compte toutes les images ont la même allure. On a l’impression que tout est déjà fait.
Comment tu gères ça alors ?
J’essaye de ne pas regarder. Mais j’ai du mal… Je regarde uniquement pour apprécier. J’aime les photos de mode…
Tu regardes quoi en ce moment ?
J’aime beaucoup les photos et notamment le travail de Suzanne Koller.
Je trouve que ton travail ressemble un peu à celui de Viviane Sassen…
Alors ça me touche beaucoup. Oui je l’adore, surtout avant avec beaucoup de couleurs. J'aime aussi Jack Davison, un photographe dont je suis complètement dingue. Je regarde ses images assez régulièrement.
C’est quoi ton endroit préféré ici ?
Comme chez moi c’est la fenêtre, la vue, l’horizon… Je pense qu’on peut presque y voir la mer si on plisse les yeux.
Tout à l’heure, on a parlé de notre époque. Si tu ne devais choisir qu’une époque dans laquelle vivre, ça serait laquelle ?
Une époque sans internet, peut-être les années 60 dans l’esprit À Bout de Souffle avec Belmondo et Jean Seberg. Je crois que c’est l’un de mes films préférés. J’aime bien l’élocution des personnages et leur manière de s’habiller. Je pense que j’aurai aimé me balader dans Paris à cette période-là.
Qui souhaites-tu entendre dans ce podcast ?
Sans hésitation, mes deux amis Marie et Alexandre qui sont un jeune binôme de designers, et d’ailleurs leur binôme éponyme. Ils se sont rencontrés au studio de Ronan et Erwan Bouroullec. Alexandre y est toujours, Marie est partie et ils ont créé toute la scénographie de la Design Parade à Hyères en juin dernier. Ils font un travail en céramique qui est hallucinant : des mobiles, des tables, des vases... Cela collerait très bien avec l’univers de RÉUNI dans les couleurs. C’est top ce qu’ils font et ça va cartonner.
Crédits photos RÉUNI
Références :
Marine Giraudo : http://marinegi.com
@marinegiraudo : https://www.instagram.com/marinegiraudo/
Azur : https://azur.world
L’interview de la fondatrice d’Azur pour Réuni : https://reuni.com/blogs/nos-rencontres/rencontre-avec-lisa-favreau-et-lisa-guedel-dolle-co-fondatrices-de-la-marque-azur
ECAL : https://www.ecal.ch/fr/100/homepage
La Chance : http://www.lachance.paris
Vanessa Schindler : https://www.vanessa-schindler.com
Festival International de Mode à Hyères : https://villanoailles.com/festivals/36e-festival-international-de-mode-de-photographie-et-daccessoires-de-mode-hyeres
Acne Studio : https://www.acnestudios.com
Fabcaro Zaï Zaï Zaï Zaï : https://www.babelio.com/livres/Fabcaro-Zai-zai-zai-zai/719553
Fabcaro, Moonriver : https://www.babelio.com/livres/Fabcaro-Moon-River/1341403
Note Note Edition : https://www.instagram.com/notenote.editions/
Kuba Ryniewicz : https://www.instagram.com/kuba_ryniewicz/
Mona Chollet, Réinventer l’amour : https://www.babelio.com/livres/Chollet-Reinventer-lamour/1330251
Valentine Schlegel : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/11/03/valentine-schlegel-la-ceramique-des-fluides_6058291_4500055.html
First Laid : http://firstlaid.fr