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Elvire Bonduelle, Artiste plasticienne, "Je fais de l'art parce que je veux donner une vision plus joyeuse et plus optimiste du monde"


Elvire Bonduelle.

 Le Monde de RÉUNI explore l'univers, le parcours et les points de vue d'artisans, d'artistes, d'entrepreneurs, de personnalités des industries créatives et culturelles qui contribuent à la préservation et à la valorisation des savoir-faire et qui influencent d'une manière ou d'une autre notre esthétique et notre art de vivre.

 

Cette semaine nous partons à la rencontre d'Elvire Bonduelle, artiste plasticienne "d'oeuvres utilisables". Elle nous reçoit dans son loft-atelier, le Bateau-Lavoir, situé dans le 18ème arrondissement à deux pas de Montmartre. Diplômée des Beaux-Arts de Paris, Elvire a depuis toujours lié sa passion pour l'art à celle du design, en façonnant de toutes pièces l'intérieur de son appartement. Devenue une œuvre d'art totale, Elvire cohabite avec son travail dont l'esthétique s'accorde au quotidien. Elvire cohabite avec ses oeuvres, dont l'esthétique s'accorde au quotidien.


Sa créativité guidée par l'idée du bonheur lui donne l'envie de transmettre une vision plus joyeuse et plus optimiste du monde. Un air de légèreté, en réponse au monde menaçant qui nous entoure. Toujours très proche de l'architecture, Elvire a construit son art au fil de sa vie, forgée par des expériences marquantes aux quatre coins du monde. Citadine avérée, elle s'inspire, capture et s'approprie l'urbanisme qui l'entoure pour le retranscrire à sa manière dans des créations toujours très colorées.

 

Laissez-vous embarquer dans le monde d'Elvire Bonduelle, joyeuse fusion entre l'art et la vie...

Retrouvez l’intégralité de l’interview sur toutes les plateformes d’écoute de podcasts.

Acryliques "Thaï Waves" par Elvire Bonduelle.

Le salon depuis la mezzanine.

Le Monde intérieur


 Salut Elvire, pour commencer peux-tu te présenter hors de ton ancrage professionnel ? 


Bonjour, alors souvent je me présente en disant “Bonjour je suis Elvire Bonduelle, je suis artiste plasticienne”. Je rajoute plasticienne la plupart du temps car artiste c’est un peu trop vaste. 


J’aimerais que tu nous expliques où on se trouve ? Dans quel quartier ? 


C’est un atelier d’artistes, le Bateau-Lavoir à Montmartre, c’est un lieu historique, c’est là que Picasso a peint certaines de ses œuvres les plus connues comme Les Demoiselles d’Avignon par exemple. Un tas d’autres artistes sont passés par ici, comme Apollinaire au début du siècle. On est dans un espace qui est un peu un loft, un atelier d’artistes mais aussi un lieu de vie. C’est grand, en tout cas à mon échelle. C’est haut de plafond, et il y a de grandes fenêtres qui donnent sur un jardin et c’est ça qui est très très agréable. C’est vraiment baigné de lumière. Je travaille et vis ici. La plupart du temps, je suis ici à travailler sur mon ordinateur. 

La table de la salle à manger. 

Lampe "So Far So Good" (2021), éditée par Three Star Books, et coupe de Pierre Charpin, éditée par Alessi

Depuis combien de temps tu es installée ici, 10 ou 12 ans tu me disais ? 


Ici c’est un atelier d’artistes de la ville de Paris. Et j’ai eu la chance au tout début de ma vie d’artiste d’être très bien conseillée. On m’a dit en sortant des Beaux-Arts de Paris de postuler tout de suite aux ateliers de la ville de Paris et que ça finirait par fonctionner. Et effectivement, il faut être éligible au logement social et d’avoir une petite carrière ou en tout cas d’être reconnu par ses pairs au minimum. Et pendant 7 ans d’affilée j’ai refait mon dossier, et postulé, une sacrée affaire administrative mais le jeu en valait la chandelle. Et au bout de 7 ans on m’a proposé un 30m2 à la Goutte d’Or. J’étais super contente, je sautais de joie. Et puis finalement je ne l’ai pas eu. Et quelques mois plus tard on m’a proposé cet endroit, je n’en croyais pas mes yeux ! 


Et alors c’était comment ce lieu quand tu l’as récupéré et comment vous l’avez aménagé ? 


C’était complètement vide, blanc et sale. Et c’était assez rough effectivement. Il y avait peu de choses. Il n’y avait pas la cahutte sous la mezzanine où mes enfants passent maintenant des nuits paisibles (rires). Au fil du temps les espaces se sont remplis et se sont remplis presque exclusivement des choses que j’ai fabriquées. J’aime l’idée de l’art total et de vivre avec l’art. C’est tout le propos. L’art ne doit pas être quelque chose d’autoritaire ou de sacré mais quelque chose avec lequel on vit qu’on s'approprie qui peut être malmené sur lequel on s’assoit, on peut se rouler dans l’art et ça devrait nous rendre heureux. C’est mon idée. Le point de départ c’est le bonheur. Mais maintenant c’est devenu rampant, et il y en a partout. C’est devenu un show-room. 

La cuisine en bois.

Mais ce qui est intéressant c’est que ton monde intérieur et ton monde extérieur sont mêlés, tu n’es plus qu’un ? 


Oui c’est une fusion totale entre l’art et la vie. C’est ça le projet. 


Comment as-tu développé ton esthétique ? Comment tu t’es formée ? 


Le point de départ de mon esthétique c’est l’idée du bonheur et de la légèreté. Comment s’installer dans la vie et être heureux ? J’ai fait l’apprentissage de la vie en même temps que l’apprentissage de la vie d’artiste. Et j’avais une idée d’ascèse, d’une discipline de vie. Un de mes premiers boulots était lié au motif des veines de bois. Mon premier travail représentatif, sont des coussins en forme de cales qui permettent au corps de s’installer confortablement. Ce sont des cales à taille humaine peintes en forme de bois. J’ai aimé l’idée du bois comme quelque chose de réconfortant pour nous soigner. La vie est dure, donc il faut se caler ! J’ai fabriqué ces sculptures vraiment comme des prothèses de vie. Avant ça j’avais pensé à des instruments pour le bonheur, un tire-bouche pour se forcer à sourire, un sèche-larme et des œillères pour ne pas voir la misère du monde. Je n’étais pas dans l’humour, j’étais très jeune et naïve et mes profs ont aimé, en pensant que j’étais peut-être un peu cynique, alors que j’étais plutôt naïve. Comme une forme d'imbécilité d'heureuse qui me convient assez. Ensuite j’ai continué à peindre des veines de bois, sur une bibliothèque, des rideaux, des torchons, un gant de cuisine. C’est un motif que j’adore car le bois est quelque chose de fort, lié à l’artisanat, l’univers des arts & craft et une discipline de l’artisan. Et le Bateau-Lavoir, le vrai, c’était une bicoque en bois qui a brûlé en 1969, donc c’est aussi un clin d’oeil à ce que ce lieu a pu être. 


Il y a un côté Donald Judd à ta cuisine, est-ce que c'est une référence ?


C’est sûr que Donald Judd est un de mes héros. J’ai fait le pèlerinage au ranch de Marfa, c’était merveilleux et en même temps Donald Judd a une rigueur et un sérieux que je refuse un peu d’avoir. Même si en réalité je suis assez sérieuse dans mon travail. Mais j’aime l’idée que les formes soient plus légères. Et la grande différence avec Judd (enfin ce n’est pas pour me comparer - rires) c’est qu’il a toujours dit que son mobilier n’avait rien à avoir avec son art, alors que moi j’ai le désir de tout mélanger. C’est une seule et même chose.

"Le point de départ de mon esthétique c'est l'idée du bonheur et de la légèreté."

- La chaise "ZigZag" de Rietveld avec "Blue Bird"(2018) édité par We Do Not Work Alone
Les recettes de grand-mère cachées dans le placard.

Pour revenir sur ton mobilier tu as tout fabriqué ici ? 


Il y a pas mal de de récup. Quand je me promène dans la rue dès que je vois un petit tas de vieilleries immédiatement je traverse et je jette un œil. Sinon un peu d'Emmaüs, quelques petits coups de cœur aussi comme cette chaise Zig-Zag de Rietveld, une réédition que j’ai achetée. Il y a cette lampe Paulin aussi que mes parents avaient récupérée que personne n’aimait dans la famille. Je l’ai redécouverte il y a dix ans dans un grenier en m’installant ici et je me suis dit “non mais en fait je l’aime cette lampe”. Mais beaucoup de choses sont effectivement des choses que je fais moi-même, comme ce rocking-chair. Ici il y a une impression de Camila Oliveira Fairclough qui est une artiste que j’aime beaucoup, qui s’appelle Baci. J’ai des photos de Charles Petit, un photographe disparu récemment avec un oeil formidable. Il y a aussi une paire de peintures que j’aime beaucoup de Charles-Henri Monvert. 


Quand est-ce que la reconnaissance est arrivée pour toi et est-ce que c’était important pour toi ? 


Alors déjà la reconnaissance que j’ai, elle est chouette mais elle reste assez petite. C’est un succès d’estime plus qu’un succès. Mais c’est vrai que pour moi ça n’a pas une importance dingue. Je le fais parce que je veux donner une vision plus joyeuse et plus optimiste du monde qui puisse circuler dans les galeries. Ma raison de faire c’est quand même un plaisir personnel. Mais dans ce milieu et dans ce monde avoir un propos optimiste c’est assez rare. Maintenant, je suis consciente de là d’où je vis et cela est difficile de tenir ces propos mais ils me semblent importants et j’y tiens, je veux garder cette fraîcheur. Mon inspiration est toujours vivace, mais comment garder des propositions aussi joyeuses dans ce monde qui s’effondre un peu autour de nous ?

Vue sur l'extérieur depuis la mezzanine.

La chambre avec deux toiles de Charles-Henri Monvert

"Je crée compulsivement en permanence. C'est un peu de la folie."


C’est quoi le rôle d’un artiste ? 


C’est peut-être de charmer les gens, leur faire comprendre des choses. Mais c’est surtout les laisser libres de comprendre ce qu’ils veulent. Pour moi ce n’est pas donner des leçons, c’est surtout émouvoir positivement. Je cherche plutôt à apporter quelque chose de positif. 


Aujourd’hui ton travail tu veux l’emmener où ? 


J’aime beaucoup faire des interventions sur l’architecture. J’ai appelé ça les Façades Accessories. La première que j’ai faite, c’était à Los Angeles. C’était une grande enseigne qui courrait sur trois façades d’une maison toute blanche Spanish Revival. J’ai fait des lettres en métal toutes noires qui disaient Faith, Hope, Peace les mots se mêlent les uns aux autres. J’aimais l’idée d’une enseigne pour une maison particulière et j’aimais l’idée d’une publicité pour ses propres valeurs. J’en ai fait un autre à Marseille, ce sont deux balcons qui disent “What you see is what you see” la fameuse phrase de Frank Stella en réponse à Adrien Hard qui lui demandait ce que voulait dire son œuvre. J’aime bien l’idée qu’il n’y ait pas besoin d’explication d’une œuvre. Après si on creuse il y a des tas d’explications. Par exemple, le motif du bois pour moi à vraiment le sens du “care” du soin, quelque chose de réconfortant. Après c’est très personnel, peut-être que les gens qui suivent mon travail l’ont compris maintenant mais je suis assez seule avec mes explications. Mais j’aurais du mal à faire une œuvre qui n’ait pas un sens pour moi. 


Quel est ton art de vivre ? 


Moi j’adore bosser donc c’est pas vraiment un art de vivre. Je crée compulsivement en permanence. C’est un peu de la folie. Je produis beaucoup mais j’essaye de faire en sorte que ça puisse exister dans le monde quelque part.

"Tuyau"(2018), ready made d'Elvire

Sweatshirt sérigraphié "Larmes de crocodile" (2008)

Quelle relation tu as toi au vêtement, comment t'habilles-tu ?


Je suis très flemmarde, je déteste aller dans les magasins. Donc je m’habille avec ce que j’ai ou ce que je trouve. Je suis sensible aux vêtements, mais en même temps j’ai une flemme terrible de faire un effort pour être bien habillée. Mais je ne suis pas inspirée par ce que je vois dans les magasins, je n’y rentre d’ailleurs plus. Avant quand j’étais ado je fréquentais les friperies frénétiquement, mais il y a trop de choses et c’est long de chercher. 


Et est-ce que tu as déjà fait des vêtements dans ton travail ? Car il y a un travail sur le textile dans ton travail ? 


J’ai fait un sweatshirt et des t-shirts sérigraphiés, j’ai fait quelques sweatshirts brodés aussi. Un sweatshirt larme par exemple. J’aime bien sérigraphié sur le t-shirt déjà cousu. Mon motif bois existe en petit pantalon, en petit haut aussi, chez A la démo avec Fanny Caillol que j’ai rencontrée récemment qui fait des vêtements durables pour les enfants, bio. Et donc il y a des petits pantalons en bois, qui permettent de se déguiser en arbre avec un gros pull fluffy vert. J’avais envie que tout le monde se déguise en arbre (rires). Mais je mets au point un autre imprimé bois pour une marque de pyjamas viennoise. J’ai pas mal de vêtements mais ce sont beaucoup de vieilleries. J’adore voir les gens bien habillés dans la rue, je trouve ça formidable que les gens prennent soin de leur apparence, c’est très important d’être bien habillés en société, mais je n’arrive pas à le faire pour moi. Il faut que ce soit pratique car je suis en vélo, je fais de la peinture, je ne peux pas avoir des vêtements précieux et chers. Mais heureusement les gens élégants dans la rue existent ! 

Coussins "Les Cales" (2003)

Los Angeles Standards, un livre des architectes Caroline et Cyril Desroches

Le Monde extérieur 


Tu voyages beaucoup ? 


D’abord je n’aime pas tant que ça voyager, mais j’adore aller vivre à l’étranger vraiment m’installer ailleurs. Ne pas être en touriste ou en coup de vent. Passer du temps quelque part. Ça m'est arrivée une première fois à Los Angeles en 2014-2015 c’était assez passionnant avec un projet sur l’architecture domestique, tout ce qui est maison-voiture-chien, ça m’a bien occupée. C’est là-bas que j’ai commencé à peindre aussi. Le fait d’être en Californie ça m’a délestée d’un poids culturel historique français.  On a aussi vécu à Bangkok parce qu’avec mon mari on avait beaucoup aimé notre vie à Los Angeles. Ce qui est génial c’est que tu as moins d’amis, moins de vie sociale donc tu peux plus te concentrer sur ton boulot, comme un confinement. Confiné ailleurs, en dehors de ton monde, ce sont des parenthèses hyper inspirantes. Et Bangkok c’est une ville sauvage, avec un urbanisme inexistant, une culture complètement différente. 


Qu’est ce que tu as aimé en Californie ? 


La lumière est géniale, l’impression de voir un autre mode de vie, une façon de voir les choses différentes. Et surtout des paysages libres. A l’opposé de l’architecture haussmannienne que l’on connaît en tant que parisiens. Il n’y a pas de patrimoine. Il y a un grand éclectisme dans l'architecture. Et comme c’est une ville qu’on traverse en voiture, il y a ce truc de maison qui se voit depuis la voiture. Donc il faut que ce soit clinquant, il faut que ça se voit de loin, parce qu’on passe vite en voiture. Tout est un peu excessif, un peu Walt Disney, un peu Hollywood. 


Qu’est-ce que tu as gardé de ça dans ton travail ? 


Et bien j’ai aimé les détails, le clinquant. Les maisons sont coquettes. Il y a quelque chose de plus féminin aussi, les immeubles parisiens sont assez masculins malgré tout, c’est assez raide, froid et minéral. Et là-bas les maisons ont l’air très légères avec des couleurs pops, une sorte de joie. 

"Buisson"(2016), de la série des "Rotating Paintings"


La place Émile-Goudeau - 18ème arrondissement.

Comment tu t’inspires ? 


Ce sont beaucoup les voyages, mais aussi la rue, les formes de la rue. 


Comment tu cohabites avec Paris ? 


C’est vraiment ma ville, j’ai l’impression de la connaître assez bien. Je ne connais pas toutes les nouveautés, restaurants, boutiques. Mais les beaux bâtiments, les belles artères, les belles promenades, j'adore. J’adore arpenter Paris à pied, c’est souvent le programme du week-end. J’aime les vieilles enseignes, les nouvelles enseignes, il y a beaucoup de choses qui me tapent dans l'œil et que je prends en photos. Il se trouve que comme beaucoup de gens j’ai des dossiers de photos énormes. Et parfois je retrouve quelque chose qui m’a plu et je comprends que je peux me l'accaparer, me l'approprier et ça donne naissance à des nouvelles formes. 


"J'adore arpenter Paris à pied, c'est souvent le programme du week-end."

Les grandes baies vitrées du séjour.

"Buisson"(2016), de la série des "Rotating Paintings"

J’aime bien ouvrir pour terminer. Qui aimerais-tu entendre dans ce podcast ? 


Alors j’ai pensé à cette question, et notamment à quelqu’un que j’ai rencontré récemment qui s’appelle Vincent Fichard, qui est Directeur de la Création digitale chez Chanel. J’ai découvert récemment sa maison en Normandie, et c’est vraiment quelqu’un de très intéressant. 

Retrouvez également l’interview sur toutes les plateformes d’écoute de podcasts.

Crédits photos RÉUNI.


Références :

Le site d’Elvire Bonduelle : http://www.elvirebonduelle.com/ 

Le compte Instagram de Elvire Bonduelle : https://www.instagram.com/elvirebonduelle/

Le Bateau-Lavoir ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Bateau-Lavoir

La chaise Zig Zag du designer Reitveld : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chaise_Zig_Zag

Le photographe Charles Petit : https://www.instagram.com/charlespetitphotographer/

L’artiste Camila Oliveira Fairclough : https://www.instagram.com/c.o.f/

Retrospective sur Charles-Henri Monvert : https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/personne/aiEhHau

La marque de vêtements pour enfants La Démo : https://www.lademo.fr/

La maison d'édition de "usual objects by artists" We Do Not Work Alone : https://wedonotworkalone.fr/

La maison d'édition de livres d'artistes Three Star Books : https://threestarbooks.com/

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