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Déborah Pham, co-founder of Mint Magazine and the restaurant Maison Maison “eat & explore”

Déborah Pham.

Le magazine qu'elle a fondé en 2013, Mint. 

Le Monde de RÉUNI explore l'univers, le parcours et les points de vue d'artisans, d'artistes, d'entrepreneurs, de personnalités des industries créatives et culturelles qui contribuent à la préservation et à la valorisation des savoir-faire et qui influencent d'une manière ou d'une autre notre esthétique et notre art de vivre.

 

Aujourd’hui nous partons à la rencontre de Déborah Pham, co-fondatrice du Magazine Mint et du restaurant Maison Maison. Elle nous reçoit chez elle, dans son petit appartement du 9ème arrondissement dans lequel elle vient tout juste d'emménager. Chez elle, chaque objet a sa place et sa propre histoire. Un mélange d'ustensiles de cuisine, de bouteilles de vins et de magazines. Car c'est bien la passion de la cuisine et de l'écriture qui l'amènent à créer Mint Magazine en 2013 aux côtés de son amie graphiste Noémie Cédille. 


Cette Alsacienne d'origine a développé son amour pour les saveurs et les bons produits en cherchant des alternatives végétariennes aux plats élaborés par sa maman dès l'adolescence. Très vite, elle développe une certaine conscience culinaire et cherche à comprendre ce que chaque ingrédient dit de son terroir, et ce que chaque tradition culinaire raconte d'un peuple. Sans cesse tournée vers l’extérieur à l’affût de nouvelles rencontres, d’expériences, de matières, elle écrit depuis toujours, comme pour se souvenir du moindre détail, de chacune de ses sensations.


Avec Mint, Deborah souhaite renouveler les points de vue sur le monde de la cuisine, mais aussi sur l'expérience du voyage, en recherchant l’intimité et l'authenticité avec les lecteurs.

Retrouvez l’intégralité de l’interview sur toutes les plateformes d’écoute de podcasts, ainsi que la retranscription en bas de la page.

Décoration.

Les livres de la bibliothèque.

Pour commencer, comment est-ce que tu te présentes quand tu es hors du monde professionnel ?

 

De la même manière. Je pars de mon métier, je dis que je suis journaliste. Quand tu dis que t’es journaliste, cela en dit déjà pas mal, mais je précise généralement de quel journalisme on parle : celui qui me concerne, on dirait que c’est du journalisme « lifestyle », donc plutôt sur l’art de vivre, et la grande frange du journalisme que je pratique est liée au monde culinaire. Le magazine que j’ai fondé s’appelle Mint, c’est essentiellement ça, c’est la food et le voyage. 


Très bien. Est-ce que tu peux me décrire chez toi, où est-ce qu’on est déjà dans Paris, pourquoi tu es allée dans ce quartier-là, et parle-moi de ce lieu ?

 

Le monde intérieur


Alors c’est un hasard total. J’ai mis une annonce sur Instagram en disant que je cherchais un appartement. J’ai un talent pour ça, j’ai trouvé des appartements pour des amis, j’ai un côté Stéphane Plaza ! En revanche, je n’avais jamais trouvé pour moi. En même temps, j’ai gardé le même appartement depuis que je suis arrivée à Paris, ça fait plus de 10 ans maintenant. Il est situé dans le 9ème arrondissement de Paris. C’est un quartier que je connais pour souvent y manger et faire mes courses. Je suis à côté de ce restaurant génial qui s’appelle Cuisine. Et donc on est à côté de la rue Condorcet. L’appartement est un peu en « work in progress ». Je viens d’arriver, donc je n’ai pas totalement le sentiment de l’habiter en tout cas. Je te parlais d’espace tout à l’heure, je me sens habiter cet espace quand je suis avec mes amis ici.

Les recoins de la cuisine.

Collection Messidor de Badonvillier. 

Déjà, qu’est-ce qui t’a plu dans cet appartement ? Pourquoi as-tu décidé de venir ici ?


J’ai habité un an dans le 13ème sinon j’ai toujours habité rive droite, mais je me sentais assez isolée dans ce quartier. En habitant ici dans le 9ème arrondissement, je suis entre 5 et 10 min de tous mes meilleurs amis. C’est chouette de se retrouver. Je suis à côté de mon travail et j’ai l’impression d’être au cœur des choses quand je suis là. L’appartement, je l’aime bien je trouve qu’il a de bonnes ondes. Pour ne rien te cacher, deux choses m’ont tapé dans l’œil : la première, c'est que je fantasmais sur le fait d’avoir une baignoire ! Et la seconde, c’est que je fantasmais aussi sur le fait d’avoir une gazinière pour cuisiner, et avoir donc 4 feux.


Là on est dans ta cuisine, donc j’ai envie de parler de nourriture surtout que tu m’as reçu avec de bonnes choses. Peux-tu nous décrire ta cuisine ?

 

J'adore la cuisine ! Elle est très longue, et il y a un grand plan de travail ce qui est très pratique pour cuisine. On peut cuisiner à deux, à trois, même plus. On l’a déjà fait, et c’est ça qui est génial, ce n’est pas forcément moi toute seule. Elle est pratique, j’ai plein de rangements. J’ai envie de t’ouvrir mes tiroirs, pour que tu vois. J’ai beaucoup collectionné la vaisselle. Par exemple j'ai beaucoup recherché la ligne Messidor de Badonvillier. Ces assiettes-là datent des années 30, et elles ne sont pas vraiment blanches. C’est drôle, à un moment on a vu toute une vibe à Paris dans des restaurants où il n’y avait que ce type de vaisselle. D’ailleurs dans mon restaurant Maison Maison, il n’y avait que de la vaisselle comme ça. Il y a des terrines aussi, celles-ci viennent d’Alsace donc de chez moi. Je suis très chauvine, je me ferais un plaisir de te parler de l’Alsace.

Le frigo bien rempli.
Machine à café Moccamaster.

Et donc tu es une grande cuisinière !

 

Une grande cuisinière, non, mais j’aime bien faire à manger. 

 

Et un frigo, bien rempli... 

 

Il est bien rempli. Il y a pas mal de vins comme tu le vois. Et ça ce truc infâme, c'est un scoby. C'est pour faire du kombucha. J'avais acheté du kombucha au Petit Grain, une boulangerie trop chouette à Belleville dans laquelle ils vendent du kombucha maison. Le scoby c'est le dépôt qu'il y a dans le fond du kombucha. Cela fonctionne un peu comme de la fermentation, il faut mettre le scoby au froid et ça le met en sommeil, comme le levain.

Et alors quand tu reçois ici tu cuisines quoi à tes amis ? 


Je cuisine des trucs avec lesquels je suis plutôt à l'aise. En général j'évite de me mettre des missions de stress. Par exemple le fried rice que j'ai fait il y a deux jours, j'en ai refait hier pour des amis qui ont mangé à la maison. Quand je n'ai pas envie de m'embêter, je ne cuisine même pas, je mets des trucs sur la table et chacun se débrouille, j'aime bien que tout soit sur la table et que je ne sois pas trop en train de faire trente-six trucs à côté.

Revenons sur ton parcours, pourquoi cette obsession sur la nourriture ?


J'ai commencé à cuisiner très tôt parce que quand j'avais quinze ans j'ai arrêté de manger de la viande. Ma mère en cuisinait, et généralement le principe des plats c'était "tu ne manges pas de bœuf bourguignon mais tu peux manger l'accompagnement". Selon les plats ça pouvait être un gratin dauphinois, une purée, mais à force j'allais devenir un sac à patates qui ne mange que des patates et de la salade. Donc, je me suis mise à cuisiner, à faire des plats végétaux, je faisais même du pâté végétal. A l'époque ce n’était pas aussi simple qu'aujourd'hui de se faire à manger végétarien. Maintenant, il y a énormément de livres qui parlent de ce sujet.

"Quand j'étais gamine je mangeais tout, ça faisait trop marrer mes grands-parents parce que je mangeais des trucs pas très ragoûtants pour les enfants comme des rognons de veau. "


La table de la salle à manger.


Comment tu décrirais ton esthétique ? Est-ce que tu penses avoir une esthétique particulière ? 

 

Non, pas du tout. En fait, dans cet appartement j'ai pris tous les objets que j'avais dans mon ancien appartement et je les ai rangés ici. J'ai vraiment envie de prendre mon temps pour la décoration. Sinon ce sont des objets qui m'accompagnent depuis longtemps : l'ours de Kumamoto, je l'avais acheté à Kumamoto, sur l'île du Kyūsū. Mais je n'ai pas vraiment d'esthétique particulière. Par exemple les chaises de la cuisine, c'était les chaises de la cuisine de ma grand-mère. C'est drôle parce qu'elles ont une esthétique très actuelle. Mais chez elle, c'était autour d'une table en formica, avec la nappe cirée.


Et c'était quoi l'esthétique de ton enfance ?

 

C'était ces chaises, mais il faut que tu imagines ces chaises avec une cuisine en formica bleue. Mais un bleu presque Majorelle. Avec des motifs pas possibles sur les nappes. Un peu vieillot mais rassurant. Mes parents ils aiment bien ce qui est moderne, et moi à l'inverse j'aime bien les vieilles choses, sûrement parce que je suis nostalgique. La carafe c'était à ma grand-mère aussi. On dirait que j'ai détroussé sa maison, mais ce n'est pas le cas !

Pourrais-tu nous décrire ton style vestimentaire ?

 

Ce jean 501 c'est Starcow qui me l'a offert. Mais disons que la marque que j'affectionne le plus c'est Courrèges. Je crois que je m'habille tous les jours de la même manière en vérité. En fait, j’aime bien ce qui ressemble un peu à des déguisements.


Quel est ton uniforme ?

 

Normalement je porte des jupes tout le temps. Par exemple, je dois porter cette jupe en jean sept jours sur sept. J'ai aussi des vêtements que je n’aime pas particulièrement mais juste ils me rattachent à une période. Ce sont des doudous en fait. 

Les pièces fétiches de Déborah.

Le plaid en crochet bleu.

Le monde extérieur


J’ai envie qu’on parle de ton monde extérieur pour comprendre ton amour de la cuisine.


J’aime beaucoup manger comme 80% des gens. Ma mère a toujours beaucoup cuisiner. Elle cuisine toujours, elle est super forte. Elle n’arrête pas. J’ai un groupe WhatsApp où elle me montre les recettes qu’elle fait. Par exemple elle m’envoie : « J’ai fait une épaule de porc ». Elle cuisine beaucoup pour mon grand-père qui est en maison de repos et du coup elle me montre. Elle est très nourricière ma mère. Pour montrer qu’elle aime, elle fait à manger et j'ai remarqué que c’est un ressort que j’ai récupéré.  


Qu’est ce qui t’as amenée au journalisme ? 

 

D’abord, j’ai commencé par une Fac de Lettres après le Bac de Lettres modernes. Je n’ai pas aimé du tout. Je n’ai fait que sécher les cours. En plus, j’étais hyper flippée si j’arrivais deux minutes et que les portes de la salle étaient fermées, je n’entrais pas parce que je ne voulais pas qu’on me remarque. Quand j’étais gamine j’étais extrêmement timide. Pour les gens qui me connaissent aujourd’hui, ils ont l’impression de ne pas connaitre cette personne-là. Mais je pense que c’est vraiment le journalisme qui m’a fait switcher. Ce qui est génial avec le journalisme c’est que ça te donne tous les prétextes du monde pour aborder les gens. A force d’endosser ce rôle-là, je pense que je suis de plus en plus à l’aise et j’arrive à aborder les gens même sans avoir un programme derrière. Mint ça parle beaucoup de food, mais ça parle aussi de voyages, et j'ai rencontré des gens géniaux, très intéressants, auxquels tu n'as pas forcément accès selon ce que tu fais dans la vie. Je me souviens que j'ai rencontré deux pépés, qui fabriquaient des couteaux avec des vieux morceaux de remontées mécaniques qu’ils trouvaient. On a été conviés chez l’un d’entre eux, il nous a fait un café, mis un pot de miel sur la table et on a discuté. Tous ces moments-là, sont magiques. C’est la chose que j’ai le plus peur de perdre parce qu’on a vraiment fait Mint pour ça. Ce n'était pas forcément mon ambition de gagner ma vie avec Mint, Mint c’était mon hobby. En parallèle je travaillais beaucoup, je faisais de la cuisine dans un restaurant qui s’appelle Garde-Robe et j’étais aussi au vestiaire du Carmen qui est un club à Pigalle. Mais quand Mint a commencé à prendre plus de place c’était évident qu’il fallait que j’arrête les jobs alimentaires, et j'ai commencé à avoir l'espoir de pouvoir gagner des sous avec. Le magazine a été créé en 2013 et j’ai commencé à en vivre en 2019.

"Il y avait de plus en plus de magazines indépendants qui sortaient, et je me suis dit pourquoi pas moi ?"


Et explique-nous tout ce cheminement jusqu'à Mint. Pourquoi faire ce magazine ?

 

A l’origine nous sommes deux, Noémie et Moi. Noémie Cédille qui est D.A est aussi l’une de mes meilleures amies. On se connait depuis que l’on a quinze ans. Et en fait on avait une relation épistolaire au départ. On s'est rencontrées par Skyblog interposés. On s'envoyait des mails et on a mis beaucoup de temps à se voir alors qu'on habitait la même région. Quand je suis partie vivre au Japon, je continuais à lui envoyer des colis avec plein de bêtises, avec des Pokkies, des Mikados goût matcha, des trucs qui sont assez infâmes quand on y repense !  


Et alors on parle de quoi dans Mint ? Quelles sont les valeurs ou en tout cas la vision ?

 

La baseline c'est "eat & explore" depuis le début. Ce sont des sujets qui tournent autour de la food, mais aussi de voyages au sens large. Après avoir signé chez Bon Esprit, je me suis rendue compte que je tournais un peu en rond avec mes sujets. Et que j’avais besoin d'un reboot, donc je me suis lancée dans une formation avec Loïc Richie qui est un journaliste et un auteur brillant. Ça m’est peu arrivé qu'on me dise que mes articles étaient un peu en-dessous. Moi j’aime bien la critique, mais souvent les gens ont peur de te froisser car c'est tellement personnel l'écriture. Mais Loïc, il a pris un stylo rouge et il a commencé à barrer des choses dans le magazine, « ça non c'est nul, ça pardon mais c'est quoi ce truc ? » et il continuait comme ça. On a ensuite fait le tour des magazines, et après on s’est demandé « qu’est-ce qu’on fait maintenant et où est-ce qu’on va ? ». On a essayé de regarder les lacunes du magazine et il manquait quelque chose qui n’était pas trop traité dans les magazines qui montraient l'univers de la food. C’était tout le pendant sociétal de la bouffe. Par exemple, j’ai fait une enquête sur les plongeurs dans les cuisines, d’où ils viennent, à quoi ressemble ce métier, et j’ai adoré faire ça. Je me souviens qu’à l’époque j'y pensais déjà depuis deux ans - mais parfois le truc fermente pendant longtemps avant de sortir. Et j’avais dit à mes associés : « j’ai trop envie de traiter ce sujet, je vais le proposer à Society » car pour moi c'était un papier très important. Je voulais qu’il ait la lumière qu’il méritait et pour moi Mint était encore un magazine niche, incomparable à la force de frappe de Society. Et puis ils m’ont convaincue de le publier dans Mint et l’article a quand même eu le retentissement que j'espérais. Ça m’a mis le pied à l’étrier du sujet sociétal et de l’enquête. Donc, j’essaye d’en distiller dans le magazine, ça lui donne tellement plus de force et de relief et ça nous permet de traiter des sujets qu’on ne traitait pas avant. Dans le prochain numéro on fait un sujet sur la cuisine ouïgoure et pareil, c'est un sujet que j'ai en tête depuis plus d'un an. Je me rendais compte qu'on parlait beaucoup des Ouïgours sous un prisme mode fast-fashion, et finalement assez déshumanisant aussi car on ne sait pas d'où ils viennent. Et s’il y a un truc qui réunit toujours les gens, c'est la cuisine. Cela permet de parler de tradition, de culture… Donc, je me suis lancée sur ce sujet. C’est le type de sujet qu'on n'avait pas avant et qui maintenant viennent donner du corps au magazine.

Qu'est-ce qui fait que vous parlez d'un endroit, d'un lieu, d'un restaurant, c'est quoi le point commun de tous ces endroits ? 

 

Il n’y a pas tant de points communs, ce sont des endroits qui nous touchent, on peut aussi bien traiter d'un bouiboui que de Mauro Colagreco. En fait c'est une capacité à faire des grands écarts et je pense que c'est ça qui fait la richesse du magazine. Il y a de la surprise. Si j'écris un papier sur les Ouïgours, j’ai envie qu'il soit accessible. Ce magazine n’est pas juste fait pour nous, bobos du 10ème arrondissement parisien. Il faut que tout le monde puisse s’y retrouver. C'est un magazine qui est fait pour durer.

"Je pense que ce qui fait un bon magazine c'est de penser d'abord aux personnes qui vont le lire."


Deborah devant sa bibliothèque. 

Nature morte de madeleine. 

Es-tu heureuse de vivre dans notre époque ?  

 

Oui je pense ! Je suis bien dans notre époque. Je suis plutôt bien dans mes baskets en ce moment. Tu m'aurais posé la question il y a six mois j'aurais dit autre chose. Mais je suis contente de ne pas avoir eu Instagram au collège et au lycée.

 

Dernière question que j'aime poser, c'est qui souhaiterais-tu entendre dans ce podcast ? 

 

Je pense forcément à Noémie qui est mon associée sur Mint, mais qui est d’une extrême timidité et je pense à Paris Se Quema, ils sont tellement talentueux, ce sont des set designers et c’est un métier qui n’est pas si connu en fait. Je pense à Jili Salati, elle, elle est drôle et brillante !

Pour découvrir l’intégralité de l’interview retranscrite cliquez ici.

Retrouvez également l’interview sur toutes les plateformes d’écoute de podcasts.

Crédits photos RÉUNI.


Références :

Le compte Instagram de Deborah Pham : https://www.instagram.com/debbie_mint/?hl=fr

Mint Magazine : https://www.instagram.com/mint_magazine/?hl=fr

Noémie Cedille : http://noemiecedille.fr/

Maison Maison : https://www.instagram.com/maisonmaisonparis/?hl=fr

La Trésorerie : https://www.instagram.com/latresorerie/

Starcow : https://www.instagram.com/starcowparis/?hl=fr

L'Agence Soif :https://www.instagram.com/agencesoif/

Paris 99 : https://www.instagram.com/paris99/

Judith Lasry : https://www.instagram.com/judith.lasry/

Paris se quema : https://www.instagram.com/paris_se_quema/

La boulangerie Petit Grain : https://www.instagram.com/lepetitgrainparis/?hl=fr


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