Guide de Zurich
Zurich, la précision délicate d’une ville à vivre




Zurich. Le nom évoque d’abord une certaine rigueur : banques, horloges, costumes sombres. Pourtant, dès qu’on la parcourt, la ville s’ouvre avec une douceur presque inattendue. Une cité posée entre collines et lac, à la fois précise et accueillante. L’histoire se lit sur les façades peintes de la vieille ville, dans les flèches des églises protestantes, dans le souvenir de Zwingli et de la Réforme. Mais ce n’est pas une ville musée : c’est une ville qui vit, qui invente, qui joue avec ses contrastes.
Ici, il y a surtout une sensation contemporaine, très particulière, celle d’une cité qui respire entre deux pôles : l’eau et la colline, la précision et la fantaisie, la mémoire et l’élan créatif. L’eau occupe une place centrale. La Limmat qui traverse le centre, le lac immense qui capte la lumière. Tout est rythme, précision, mais avec des respirations généreuses : une baignade au soleil, une terrasse bruissante, une pâtisserie où l’on se laisse tenter. C’est une ville qui ne se dévoile pas d’un bloc, mais par instants. C’est cela que l’on vient chercher le temps d’un week-end : moins des « choses à voir » que des moments à vivre.
Samedi


On arrive en train, bien sûr. C’est la meilleure façon d’entrer à Zurich, par cette gare monumentale où les pas résonnent sous les verrières, où la précision suisse se donne immédiatement à sentir. Le voyage s’achève, mais le séjour commence dans la continuité, comme si le rail avait déjà préparé le regard à l’ordre lumineux de la ville.
Pour ancrer ce premier matin, Honold. Une institution pâtissière centenaire. Dans la vitrine, on découvre de petits Canapés salés délicats, des Bretzels garnis et tout dorés, une farandole de Kouglofs, ou leur célèbre Pain de Gènes. Le plus difficile, vous l’aurez compris, est donc de choisir comment accompagner son café au lait. Avec un peu de chance, le soleil est au rendez-vous et vous pouvez vous installer en terrasse. Démarrer votre journée en douceur, avec quelques douceurs, en observant les passants et en sentant l’air de la ville.



Le pas nous mène ensuite vers le Kunsthaus, le grand musée de la ville. On y entre comme on entre dans une bibliothèque : avec un respect silencieux. Les salles défilent, vastes, claires. Ici un Munch tourmenté, là un Hodler monumental, plus loin les silhouettes filiformes de Giacometti. Ce n’est pas seulement une collection, c’est une conversation avec l’Europe entière, un condensé d’histoires et de visions. On se surprend à ralentir, à s’attarder, comme si le temps lui-même prenait une texture plus dense.
À l’heure du déjeuner, rendez-vous chez Kronenhalle. On pousse la porte et le temps change de rythme. Les murs sont tapissés de tableaux originaux — Miró, Chagall, Picasso — accrochés là comme si de rien n’était. Le menu, lui, cultive la tradition. On commande le « Züri Gschnätzlets », un émincé de veau à la crème, champignons et vin blanc servi avec un « Rööschti » de pommes de terre. Le maître d’hôtel dresse les assiettes devant vous et vous aurez droit à un deuxième service. C’est une cuisine bourgeoise, réconfortante, mais sublimée par le cadre. On mange à la fois un plat et une histoire.


Après ce déjeuner d’apparat, la légèreté s’impose : direction Sprüngli, sur la Paradeplatz. Dans les vitrines brillent les Luxemburgerli, petits macarons d’une finesse inouïe dont la recette reste un secret bien gardé depuis 1957. On en choisit à la pistache, au chocolat, à la framboise ou encore au champagne. La coque est fine, presque fragile, la crème légère comme un nuage. Difficile de résister à ces petites douceurs zurichoises qui envoûtent le palais.
Nous continuons notre chemin où plutôt, notre voyage dans le temps, mais cette fois nous retournons dans un présent plus contemporain. Nous voici chez Monocle Café. Monocle est une revue internationale qui couvre les affaires mondiales, l’économie, le design et la culture à travers un magazine, une station de radio et un site internet. Et nous sommes ici dans leur lieu de vie, l’expression même de leur philosophie de vie. Un lieu sobre, précis, où l’on vient pour vivre, rencontrer, échanger et découvrir. On s’installe pour boire un café, on feuillette des magazines du monde entiers, des beaux livres, on regarde une sélection de vêtements et d’objets uniques.
Et si vous passez par ici entre le 20 et le 28 septembre, nous aurons l’honneur de vous accueillir dans la boutique, à l’occasion du pop-up RÉUNI chez Monocle Zurich. Une présence qui nous emplit de fierté et de gratitude, dans un lieu qui incarne à lui seul ce que nous aimons tant : le regard ouvert sur le monde, l’alliance du beau et de l’utile, et cette curiosité joyeuse qui fait naître les rencontres.


L’après-midi, il faut rejoindre le lac. À Utoquai, le bain public est une institution, même lorsque l’été s’éloigne déjà. Le soleil de septembre n’a plus la même ardeur : il réchauffe doucement, une tiédeur fragile qui fait pressentir l’automne. On s’assoit sur les planches, hésitant avant le plongeon. Puis vient le courage : l’eau est vive, tranchante, presque glaciale. Elle saisit tout le corps, réveille chaque nerf. Mais une fois le premier choc passé, on se sent porté, régénéré, comme lavé par cette fraîcheur. Fin septembre, se baigner dans le lac n’est plus un simple plaisir, c’est un geste d’obstination joyeuse : prolonger un peu l’été, accueillir déjà l’automne, et sentir Zurich dans sa vérité la plus pure.
En début de soirée, l’apéritif appelle. Dans la même rue, vous pourrez alors choisir votre poison. Chez Lupo, on savoure un verre de vin naturel surprenant. Au Gamper Bar, on goûte un cocktail original et bien balancé. Dans les deux cas, vous pourrez également trouver des petites assiettes à partager : fromages, charcuterie, focaccias, conserves maisons… Et même quelques petits plats de pâtes plus consistants.



Puis vient le dîner à l’Eichhörnli. Ici, pas d’artifice : une carte courte, de saison, avec des produits travaillés dans une simplicité maîtrisée. La cuisine ici est typiquement Suisse : des ragoûts de viande, des Schnitzels ‑ escalope de veau panée ‑, des Spätzle ‑ pâtes aux œufs à la texture proche des gnocchis, du fromage, quelques desserts et un très bon gâteau au chocolat. Les plats réconfortent, la salle vibre doucement. C’est la Zurich intime, loin des clichés, qui se révèle.
Dimanche


Le lendemain matin, on se réveille doucement et on file chez Draft. L’adresse est contemporaine, lumineuse, idéale pour un petit déjeuner sans précipitation. On y déguste un café filtre aux notes fruitées, un Ruben - un sandwich au pastrami - ou bien un Granola maison. De quoi prendre aussi quelques forces pour cette grande matinée qui se profile devant nous.
Cap sur le Jardin botanique de l’université. Ici, la diversité botanique est saisissante : plus de 15 000 espèces sont rassemblées sur le site. On déambule entre les serres tropicales, où palmiers, orchidées et fougères luxuriantes créent une atmosphère chaude et humide, et les parterres extérieurs où l’on peut admirer des plantes alpines rares, des herbes médicinales ou des arbres centenaires aux troncs tortueux. On y trouve des plantes carnivores surprenantes, des arbres à feuilles multicolores qui annoncent l’automne, et même des petites collections de cactus et de succulentes. Le Jardin botanique offre une véritable expérience sensorielle et instructive qui émerveille petits et grands.


À midi, rendez-vous au Pavillon Le Corbusier, sur les rives du lac. Commandité en 1960 par Heidi Weber, le Pavillon est le dernier bâtiment du grand architecte mais aussi le seul construit en acier et en verre. Juste sur les rives du lac de Zurich, on découvre un bâtiment coloré, géométrique, aérien. On y marche comme dans une sculpture habitée, baignée de lumière. La petite cuisine est absolument parfaite, le rêve de tout amateur de cuisine.
L’après-midi s’étire. On longe le lac, les montagnes se dessinant en arrière-plan, jusqu’à Sternen Grill. Ici, le rythme change : il faut commander vite, se faufiler parmi les passants et les autres clients pressés. On reçoit sa saucisse juteuse, grillée à la perfection, dans un pain croustillant, avec cette moutarde locale, piquante, presque brûlante. Il n’y a pas de chaises ni de service posé, alors on se tient sur le trottoir, on mord à pleines dents, on savoure chaque bouchée dans l’air frais, en regardant la ville passer autour de soi. Un plat simple, populaire, mais qui dit beaucoup de Zurich : direct, authentique, et résolument vivant.

Puis la vieille ville s’ouvre, avec ses ruelles étroites, ses maisons hautes aux façades peintes, ses enseignes de fer forgé. On traverse la Münsterhof, vaste place pavée, où les terrasses bruissent de conversations. Plus loin, les arcades de la Niederdorfstrasse regorgent de librairies, de petites galeries, de cafés intimes où l’on s’attarde pour un espresso ou un verre de vin blanc local.
Chaque pas est une découverte : une boutique de design contemporain nichée entre deux antiquaires, une vitrine de confiserie aux couleurs vives, une église dont le clocher sonne avec une gravité paisible. Zurich, ici, se fait village. On croise des étudiants, des familles, des promeneurs du dimanche, et l’on se sent accueilli dans une communauté discrète mais bienveillante.
Et puis vient le retour en train. On quitte Zurich avec un goût de chocolat encore présent, le souvenir d’un plongeon dans le lac, l’éclat d’une saucisse sur un trottoir animé. La ville n’a rien forcé, elle s’est laissée découvrir par touches. Et c’est ainsi qu’elle marque : une précision délicate, une intensité discrète, l’envie de revenir.

