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Laurianne Melierre, Fondatrice de l’agence de rédaction PLUME. Une identité composite à la croisée de multiples univers

Laurianne Melierre fondatrice de l'agence PLUME. 

Les bureaux de PLUME. 

Le Monde de RÉUNI explore l'univers, le parcours et les points de vue d'artisans, d'artistes, d'entrepreneurs, de personnalités des industries créatives et culturelles qui contribuent à la préservation et à la valorisation des savoir-faire et qui influencent d'une manière ou d'une autre notre esthétique et notre art de vivre.


Successivement journaliste presse, chroniqueuse télé et podcasteuse, Laurianne Melierre est aujourd’hui à la tête de sa propre agence de rédaction PLUME.

C’est dans ses bureaux du 20ème arrondissement qu'elle nous reçoit, un espace de travail lumineux et spacieux où des profils variés se côtoient.


Elle évoque avec nous l'importance de la construction de son identité plurielle qui se manifeste en partie à travers la cuisine, et sa vision de la diversité aujourd'hui. Engagée, Laurianne cherche d'abord à comprendre le monde qui l'entoure en observant les choses avec son regard journalistique.


Hyperactive dans sa vie publique, elle ralentit le rythme dans son monde intérieur dont elle n'ouvre les portes qu'à son entourage proche. Celle qui a traversé une partie de la France à vélo, cherche avant tout à vivre des moments simples pour elle, avec sa famille et ses amis et en conscience.

Retrouvez l’intégralité de l’interview sur toutes les plateformes d’écoute de podcasts, ainsi que la retranscription en bas de la page.

Le bâtiment accueillant les bureaux de Laurianne. 

L'entrée de l'agence PLUME dans le 20ème arrondissement. 

Laurianne, pourrais-tu te présenter en dehors de ton cadre professionnel ? 

C’est une excellente question. Lorsque l’on me demande de me présenter, je parle tout le temps de mon travail. C’est bien pratique, car c’est un bel écran, le travail, mais j’essaye de plus en plus de me présenter en tant que Laurianne. Donc, si je devais enlever le boulot, qui représente une grosse partie de ma vie… Je suis Laurianne Melierre, j’ai 30 ans, j’habite à Paris dans le 11e arrondissement, je suis la fille de Caroline et François qui sont nés respectivement au Cameroun et au Maroc. Je fais beaucoup de sport, j’adore manger, j'adore parler de nourriture, je ris beaucoup avec mes amis et je lis beaucoup de livres. 

Tu as préféré ne pas me recevoir dans ton intimité. Pourquoi il est important pour toi de préserver cela ? 

Justement, je viens de me présenter d’un point de vue personnel et finalement, c’était plutôt la fiche technique de qui je suis. Je trouve que l’on a toujours besoin de savoir d'où l’on parle, tout ce que l’on dit est toujours situé, je ne peux pas prétendre être quelqu’un de neutre. Pour moi, il est important de poser le décor pour savoir d’où je parle. Nous sommes dans mes bureaux, dans le 20e arrondissement de Paris. Ce sont les bureaux de mon agence, PLUME. Tu m’avais proposé que l’on se retrouve chez moi, puisque c’est le concept du podcast “Le monde de RÉUNI”, mais j’ai beaucoup de mal à recevoir des personnes chez moi en dehors de mon cercle familial ou amical proche. Pendant longtemps, j’ai eu une image publique, j’ai fait de la télé pendant trois ans et j’ai partagé beaucoup, ce que je suis, mes idées, mes convictions, mes engagements. Mon appartement était donc le seul sanctuaire très protégé, très intime où je pouvais être qui je suis avec mes failles, mes aspérités et toutes ces choses qui ne sont pas réglées et pas dicibles. J’ai besoin de conserver cet espace comme refuge où il n'y a jamais de représentation ou de monde professionnel qui s’immisce. C’est aussi pour cela que je prends soin des bureaux, car j’ai vraiment besoin de séparer le professionnel et le personnel.

Nous ne sommes donc pas dans ton appartement, mais est-ce que tu pourrais quand même nous le décrire ? 


C’est un appartement haussmannien avec du parquet ancien au sol, j’habite au premier étage, il y a trois grandes fenêtres dans le salon, une grande bibliothèque en métal noir avec énormément de livres. J'avais regardé la notice de cette bibliothèque et j'avais le droit à 25 kg par étagère, mais j’ai complètement débordé, je me dis qu’un jour, je vais rentrer et elle se sera écroulée.

Laurianne à son bureau. 

Plantes et décoration. 


Quelle est l'esthétique de ton appartement?


Esthétique lente, extrêmement lente. Je mets un temps fou à choisir les objets qu’il va y avoir chez moi, à réfléchir à tel ou tel objet de décoration. Tout prend énormément de temps. 


Tu es patiente… 


Oui, dans mon appartement je suis très patiente. L’extérieur de ma vie est très rapide, les journées commencent tôt et finissent tard, je fais tout à vélo, à fond la caisse. Parfois, quand j’essaye d’expliquer à mon père qui habite en Auvergne, qui travaille de chez lui et qui n’a rien à voir avec ma vie, que je n’ai pas eu le temps de l’appeler, il ne comprend pas que je n’ai pas 10 min dans ma journée pour cela. C’est très difficile pour moi de ralentir le rythme. En ce moment, ça va mieux, car cette année, je ne fais pas de télé et je n’anime pas de podcast. La vie est extrêmement rapide, donc chez moi, c’est tout l’inverse. Cela fait un an et demi que j’habite dans cet appartement et je viens enfin de trouver la bonne ampoule qui ira dans ma cuisine. Chez moi, il n’y a aucune urgence. 


Quels sont les livres de ta bibliothèque ? 


Il y a toutes sortes de livres et je les ai classés par thématique. Il y a les romans graphiques d’un côté, tous les romans et essais liés au féminisme de l’autre, il y une énorme étagère remplie de livres sur des chefs, des recettes, des analyses sociologiques autour de la nourriture. J’ai animé pendant longtemps un podcast autour de la nourriture qui s'appelle “manger”. Il y a toute une partie de romans, fictions, non-fictions… Et puis, j’ai aussi un fauteuil qui est un peu design années 60, un canapé vert en velours. J’ai une chambre extrêmement cocooning, c’est d'ailleurs la première pièce que j’ai meublé dans mon appartement. J’ai un lit d'hôtel, que j’ai acheté sur le site de la boutique du Sofitel, c’est la meilleure literie du monde. 

Les grandes fenêtres du bureau apportent de la luminosité. 

Coffee table books. 

Tu ne nous as pas parlé de ta cuisine… 


C’est une petite cuisine, très fonctionnelle. J’y passe beaucoup de temps parce que j’adore cuisiner. Je pense que cela vient du fait d’avoir vu ma mère cuisiner, elle ne nous en parlait pas comme quelque chose de fondateur dans notre famille, mais elle cuisinait au quotidien et pour des occasions particulières comme Noël ou les anniversaires. Elle cuisine divinement bien. Elle prend trois restes dans le frigo et elle fait quelque chose de super. Je pense que j’ai récupéré son intuition au niveau des saveurs. Elle ne se pose aucune question, elle ne cuisine jamais avec une recette et moi, c'est pareil, je cuisine sans recette, sans balance, sauf pour la pâtisserie, mais la pâtisserie c’est autre chose, c'est suivre un plan. Je fais griller des trucs et je déglace au jus d'orange à la dernière minute, je n’ai pas de connaissance technique, je le fais au feeling et je me fais plaisir. 



Qu’est ce que cela dit de toi ? 


Je pense que c’est un medley de toutes mes identités, j’estime avoir une identité composite. Je ne suis pas qu’entrepreneuse, je ne suis pas que journaliste, je ne suis pas que blanche ou que noir, je suis une femme métisse qui habite dans une grande ville et qui a grandi en banlieue dans HLM. J’ai l’impression d’être à la croisée de beaucoup de mondes, je sais que j’arrive à comprendre beaucoup d’univers tout simplement parce qu’il a fallu que je m’adapte au monde du journalisme par exemple, au monde des médias que je ne connaissais pas du tout. Le monde de la mode qui est un monde difficile, et celui de l'entreprenariat aujourd’hui, qui est plutôt masculin. 

 

J’ai l'impression d'être à la croisée de différents univers et de parler plusieurs langues, d'être dans des univers où l’on ne s'attendait pas à voir quelqu'un comme moi débarquer. 

Bombardier et jean blanc. 

Les sabots de Laurianne lorsqu'elle ne supporte plus ses talons. 

Quelle est ta relation aux vêtements ? 


C’est un peu un monstre à deux têtes : il y a les vêtements que je mets tout le temps comme par exemple un jean Levi's, qu’un pote m’a donné et que je viens de craquer, car je l’ai trop porté et je l’ai usé jusqu’à la corde. Mais je viens d’entendre parler d’un concept qui s’appelle la Clinique du Jean qui répare les jeans, pour lui un jean ne meurt jamais. Il faut envoyer le jean dans une boîte à Ivry-sur-Seine et ils s’en occupent. Donc, là, il y a cette boîte avec mon jean qui attend sous mon bureau qui est sur le point de partir à Ivry-sur-Seine. Je porte donc des vêtements très classiques, tee-shirt blanc, jean 501, une petite paire de chaussures. Mais, dans mon sac, j’ai une paire de sabots suédois, peints à la main. Si à la fin de la journée, j’ai mal aux pieds, je mettrai mes sabots en bois. 


Tu es très grande, comment as-tu appréhendé cela ?


Je dois être la plus grande de la famille, je fais la même taille que mon père : 182 cm. Ma mère mesure 171 cm donc pour leur génération, ce sont des grandes personnes. J’ai peut-être un peu souffert de cette taille à mes 11 ou 12 ans, car j’ai très rapidement atteint cette taille. Mais ensuite, assez rapidement, j’avais mon petit cercle d’amis, je faisais partie du clan de ceux qui jouent aux cartes assis en tailleur et qui vont au collège en lisant un bouquin. Je faisais partie des "weirdos" ou rats de bibliothèque. Ce qui est compliqué quand tu es adolescent, c’est lorsque tu veux changer, vouloir être dans le clan des personnes cool. Moi j’étais bien dans mes baskets, je n’avais pas envie de changer de clan, je lisais Harry Potter, j’avais des lunettes et des bagues et dans mon groupe d’amis, on ne se jugeait pas du tout. On avait tous nos petits problèmes et c’était cool. Ma taille n’est pas du tout un problème, j’ai l’impression que cela a été guidé par mon arrivée à Paris, c’est vrai que lorsque j'habitais à Lyon les gens se retournaient un peu plus ou faisaient des commentaires dans la rue, mais à Paris, tu es beaucoup plus anonyme. Ma taille ce n’est pas sujet et ce n’est pas un sujet pour les vêtements non plus. Ce n’est pas un souci aujourd'hui parce que je suis mince. Aujourd’hui, si tu fais un 46 ou 48 c’est compliqué, tu ne peux pas t'intéresser à la mode de la même façon. J’ai une de mes amies qui fait une taille 48, et parfois, je lui parle de certaines marques, mais elle me reprend en me disant qu'elle ne s’y intéresse pas car la marque en question ne va que jusqu’au 40. Donc, même son goût s’est développé différemment, elle a un look que j'adore, un peu fifties, rockabilly avec des jupes crayon, mais c’est parce qu’elle achète ses vêtements en ligne chez de retailers américains. Elle ne sera jamais une fille Jacquemus et c’est un problème. Je pense que mon goût a aussi été forgé par le fait que j’ai accès à toute la mode, parce que je fais un 36.



Je faisais partie du clan de ceux qui jouent aux cartes assis en tailleur et qui vont au collège en lisant un bouquin. Je faisais partie des "weirdos" ou rats de bibliothèque.

la vie de bureau. 

Laurianne porte le Cardigan Réuni en laine. 

Tu es une grande voyageuse, quelle est ta relation au voyage ? 


J’ai la chance d’avoir grandi dans une famille où l’on a beaucoup voyagé, dans des gîtes, dans des auberges. Nous avons beaucoup voyagé en France et pour moi, ça a rapidement été normal de voyager. Aujourd’hui, c’est quelque chose d’important, j’essaye de partir l’été. Avec le Covid, il y a eu quelques freins, je devais partir au Cameroun pendant trois semaines en 2020 et je n’ai pas pu. En 2021, j’ai fait le choix d'aller en Italie. Puis, finalement, l’an dernier, j’ai reprogrammé le voyage au Cameroun, je pars en février. J’ai choisi le mois de février, car ma logique, c’était de me dire que les mois de septembre et octobre, c’est la rentrée et on retrouve les copains, novembre, c’est mon anniversaire, décembre, c'est Noël, janvier, c’est la déprime totale mais je prépare mon voyage, février je suis au soleil et mars c’est le redoux en France. J'aime beaucoup voyager et j’ai aussi eu l'opportunité avec mon travail de beaucoup voyager donc je suis habituée à aller très loin, je n'ai aucun stress, je me sens bien à l’aéroport, je suis vraiment détente. 


Pourquoi as-tu choisi le Cameroun ? 


Ma mère est d'origine camerounaise donc je suis attachée à ce pays. Cela fait 16 ans que je n’y suis pas allée et c’est la première fois que j’y vais sans membre de ma famille, j’y vais avec deux de mes meilleures amies, qui ne sont jamais allées au Cameroun, nous allons découvrir le pays ensemble, j’ai vraiment hâte. 

Le vélo de Laurianne qui l'accompagne partout

Les couloirs menant au bureau de Laurianne. 

Tu as fait des voyages en vélo aussi…


Oui, il y a quatre ans, je suis allée en Colombie avec mon amie Marion, en rentrant, on s’est dit que notre bilan carbone était catastrophique et que l’on ne pouvait pas repartir aussi loin. On s’est demandé comment être zéro carbone, on s’est dit que le vélo était une bonne idée. Nous avons relié Bordeaux à Biarritz, en une semaine, en faisant du bivouac. On dormait dans des champs, cachées à côté d’une plage ou au milieu de la forêt. 


Tu prends du temps pour toi, tu voyages, comment tu arrives à organiser cela ? 


C’est nouveau, et en ce moment, je suis dans un rythme de travail important pour pouvoir partir trois semaines. Aujourd'hui, j’ai 30 ans, et je pense que nous n’avons pas deux fois l’occasion d’être en bonne santé, d’avoir de l'énergie et des capacités financières, donc plutôt que de toujours courir pour avoir plus, je prends du temps pour voyager. Je peux le faire, car aujourd’hui, l’équipe est prête, mais au début du lancement de l’agence, les deux premières années, je n’ai pas pris de vacances, je travaillais tout le temps. 

On s’est demandé comment être zéro carbone, on s’est dit que le vélo était une bonne idée.

Laurianne à son bureau. 
Laurianne et Séga. 

Le monde extérieur


Peux-tu me dire où nous sommes ? 


Nous sommes dans les bureaux de PLUME qui est mon agence de rédaction et de conseil en stratégie éditoriale. D’ailleurs, chez RÉUNI, vous n’avez absolument pas besoin de nos services, car vous écrivez très bien et votre storytelling est top. Nous accompagnons majoritairement des marques de mode, parce que c’est le monde d'où je viens, mais nous avons aussi des clients dans la tech, la gastronomie, le voyage. Le lifestyle en général. Nous les accompagnons dans leur prise de parole pour rédiger leur texte. Nous sommes dans le 20e arrondissement, dans un espace extrêmement haut de plafond, je crois qu’il y a entre 3 et 4 mètres de hauteur sous plafond. Il y a d’immenses baies vitrées sur l’intégralité de la façade, il faut s’imaginer une sorte d’atelier new-yorkais mais à Paris. L’après-midi au printemps, lorsque le soleil rentre dans le bureau, c’est orange, lorsque le soleil se couche, c’est rose. Il y a une série de bureaux dont les miens, c’est en espace en partie partagé, avec Séga qui vient d’arriver et qui est sapeur, il crée des contenus et des podcasts. Il y a aussi Bruno qui est illustrateur, Jimmy qui est agent immobilier et puis il y a mon équipe et moi qui rédigeons des textes. 


Très hétéroclite... 


Oui, c’est une joyeuse bande. Souvent, lorsque nous sommes au bureau, c'est très studieux. Nous sommes rarement tous ensemble. Toute mon équipe est en télé-travail depuis le mois de décembre, donc l’ambiance n’est pas la même. C’est un espace dans lequel je me sens hyper bien, j’adore être ici. 

Laurianne sur son fauteuil Paulin. 

Le fauteuil Concorde de Pierre Paulin. 

Quel est l'endroit que tu préfères dans ton bureau ? 


C'est le siège dans lequel je suis assise. J’ai chiné une paire de fauteuils Pierre Paulin, les Concorde, ce sont les fauteuils qui étaient installés dans les salons luxe du Concorde dans les années 60 ou 70 ou 80… En tous les cas, c’est vintage. Pierre Paulin avait réalisé une version avec un siège haut et une version un siège bas, moi j’ai la version haute. J’en ai acheté deux, il y en a un chez moi et un au bureau. C’est l’endroit que j’aime bien, car je suis proche du chauffage l'hiver, proche de la lumière et j’ai une vue sur tout le bureau. Mais, la majorité du temps je suis à mon bureau, devant l'ordinateur dans mon siège à bascule. C’est un siège qui te permet d'être plus gainée. Il vient de chez Varier, ils ne font que des sièges ergodynamiques. Par exemple, ils ont sorti une chaise où tu peux être à la fois assis, à moitié allongé et totalement allongé pour faire une sieste avec un système de crans que tu déplaces.


Qu’est ce qui t'amuse dans ton métier ? 


Tout, vraiment tout. J’adore travailler avec mon équipe, j'apprends des choses tous les jours, tous les sujets sur lesquels je travaille sont différents et cela permet de vraiment rentrer dans plusieurs univers de marque. On apprend tous les jours et on se réinvente tout le temps, car on s'adapte à la façon de travailler de nos clients. 

Tout m’amuse et je sais que c’est une chance, lorsque je me réveille le matin, j’ai hâte d’aller travailler. 


Tu a monté l'agence de rédaction PLUME, comment est-ce que l’on trouve son "tone of voice" (ton) ? 


Ce n’est pas facile, il faut vraiment se plonger dans l’univers du client. En général, on rencontre les fondateurs, on discute avec eux. Il faut que l’on sache quel est l’ADN du client. Une fois que nous avons cela, nous pouvons construire une ligne directrice avec des types de phrases, des types de verbes, les thématiques à explorer, les accroches. Nous donnons des exemples très concrets pour qu’ensuite via cette charte, on puisse savoir s'approprier le ton et savoir comment écrire. Ce n’est pas évident, car c’est se mettre dans la tête de quelqu’un, parler à sa place de la bonne façon et donner une personnalité via des mots. 

Est-ce que tu aimes ton époque ? 


Est-ce que j'ai le choix d'aimer mon époque ? Je ne sais pas, je ne peux pas savoir ce qui se serait passé si j'étais née dans les années 60 ou ce qui se serait passé si j’étais née dans 40 ans ou dans 50 ans. J'aime mon époque, car j’ai l'impression d'être un produit de cette époque, j’ai des valeurs qui sont féministes et antiracistes. Ce sont des thématiques que l’on aborde beaucoup aujourd’hui, il y a encore 10 ans en France, ces sujets n’étaient pas abordés. Je me sens plutôt bien dans cette époque, j’estime qu’il y a énormément de choses à changer, j’ai envie que cela aille vite et je ne comprends pas que ça prenne autant de temps, mais je suis aussi assez pragmatique et je sais que pour embarquer tout le monde, c’est un peu plus lent que ce que je voudrais. 


Est-ce que tu es porte-parole de ces causes ? 


Je porte ma parole et c’est déjà pas mal, parce que pendant longtemps j’avais du mal à dire ces engagements notamment sur l’anti-racisme. Jusqu'à George Floyd, en mai 2020, j’avais du mal à dire quand j’étais témoin de racisme ou moi-même victime de racisme parce que toute ma vie, j’ai dû me fondre dans le décor. J’ai commencé à travailler très tôt dans des milieux où il y a peu de diversité ou alors c’est de la diversité cosmétique. On va mettre des personnes d'origine asiatique ou d’origine subsaharienne sur des campagnes, mais en réalité au sein des marques et des médias il y a beaucoup d’entre-soi, c’est très homogène et il y a beaucoup de népotisme. 


De quelle personne souhaiterais-tu découvrir le monde ? 


J’aimerais découvrir le monde de Séga qui travaille dans les mêmes bureaux que moi. Séga a une approche du vêtement carrée. J’aime beaucoup l'idée d’avoir un homme qui vient de parler de vêtements, alors que chez RÉUNI, c’est uniquement féminin. Mais finalement, vos vêtements sont genderless, donc ça peut fonctionner, et je verrais bien Séga en cardigan. J’aimerais bien avoir son point de vue sur la mode féminine, les tissus, la co-création. 

Pour découvrir l’intégralité de l’interview retranscrite cliquez ici.

Retrouvez également l’interview sur toutes les plateformes d’écoute de podcasts.

Crédits photos RÉUNI.


Références :


Le compte Instagram de Laurianne Melierre : https://www.instagram.com/laurianneme/?hl=fr

Le compte de son agence PLUME : https://www.instagram.com/plume_redaction/?hl=fr

Le podcast “Manger” animé par Laurianne Melierre : https://louiemedia.com/manger 

Miista, la marque de chaussure londonienne : https://www.miista.com/

Ester Manas, la marque de vêtement qui s’adapte à toutes les morphologies : https://estermanas.com/ 

Variér, les sièges ergodynamiques : https://www.sediarreda.com/fr/stores/varier

Le compte Instagram de Sega : https://www.instagram.com/abou_sega/?hl=fr 

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